Renforcement de la lutte contre l’insurrection djihadiste dans la province stratégique du Cabo Delgado

Depuis 2017, la province du Cabo Delgado, au nord-est du Mozambique, est le théâtre d’une insurrection djihadiste violente et meurtrière qui déstabilise l’ensemble de la région. Ce conflit, mené par des groupes armés affiliés à l’organisation État islamique, a provoqué des milliers de morts, un exode massif de populations déplacées et une crise humanitaire grave. En 2025, la situation reste tendue malgré les efforts militaires combinés entre forces mozambicaines et partenaires internationaux.

Historique et causes profondes du conflit

L’insurrection au Mozambique a débuté avec la montée en puissance d’Ansar al-Sunna, un groupe salafiste radical appelé également Al-Shabab, qui cherche à imposer la charia et rejette l’autorité de l’État. Cette radicalisation s’est accentuée dans un contexte de marginalisation socio-économique chronique de la région, longtemps délaissée par le pouvoir central.

L’implantation de gigantesques projets gaziers, notamment ceux exploitée par TotalEnergies, ExxonMobil et Eni, a accru les tensions en modifiant les équilibres locaux et déclenchant un sentiment d’exclusion au sein des populations autochtones.

Incidents récents et rapports d’attaques

En septembre 2025, les attaques se sont intensifiées. Le 8 septembre, un raid djihadiste à Mocimboa da Praia a fait au moins quatre morts, dont deux civils décapités. Des affrontements ont opposé les insurgés aux forces mozambicaines appuyées par des troupes rwandaises déployées dans la région depuis 2021.

Ces attaques visent aussi bien les infrastructures civiles que militaires, avec un pattern de violence ciblée, y compris pillages, enlèvements et incendies de villages.

Mobilisation militaire et coopération internationale

Face à la gravité de la menace, Maputo a renforcé sa stratégie militaire en sollicitant la coopération de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC) ainsi que des pays européens et des États-Unis. Des conseillers militaires, équipements modernes et forces spéciales ont été déployés pour mener des contre-offensives et sécuriser les zones stratégiques.

Cette coalition a permis la reprise de certains territoires occupés, mais les groupes djihadistes continuent leurs activités en s’appuyant sur le soutien de populations marginalisées.

Crise humanitaire persistante

Le conflit a provoqué un exode massif de populations avec plus de 800 000 déplacés internes qui souffrent de conditions précaires. Les besoins en eau potable, alimentation, soins de santé et protection sont importants et restent en grande partie insatisfaits malgré les efforts des ONG locales et internationales.

La situation sanitaire est particulièrement critique, avec des cas de malnutrition, de maladies infectieuses et un accès limité aux services médicaux.

Enjeux politiques et sociaux

La violence djihadiste au Mozambique met en lumière l’échec de modèles de gouvernance centralisée et la nécessité d’une approche plus inclusive qui intègre développement économique, respect des droits humains et dialogue social.

Le gouvernement de Filipe Nyusi est appelé à renforcer sa politique de décentralisation et à favoriser l’inclusion des communautés locales, à la fois pour réduire la radicalisation et reconstruire la confiance.

Perspectives futures

Le succès durable de la lutte contre l’insurrection dépendra d’une réconciliation sociale profonde et d’un soutien accru des bailleurs internationaux. Le Mozambique doit promouvoir une stratégie globale accélérant la stabilisation sécuritaire, l’aide humanitaire et les programmes de développement.

La province de Cabo Delgado, cœur énergétique du pays, demeure un enjeu clé pour l’avenir économique du Mozambique et la sécurité régionale en Afrique australe.

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