Référendum en Guinée approuvant une nouvelle Constitution pour la fin de la transition militaire, un examen controversé et déterminant

Le 21 septembre 2025, la République de Guinée a organisé un référendum historique – ou du moins censé l’être – portant sur une nouvelle Constitution. Selon les résultats provisoires annoncés le 24 septembre, plus de 89% des votants se sont prononcés en faveur du texte proposé, avec un taux de participation très élevé, évalué à 86,4%. Cette étape marque officiellement la fin annoncée d’une transition politique marquée par la prise de pouvoir de la junte militaire dirigée par le général Mamadi Doumbouya, depuis le coup d’État d’intérêt public de 2021.

La nouvelle Constitution : prolongation et concentration du pouvoir

Le projet de nouvelle Constitution présente plusieurs caractéristiques déterminantes, parmi lesquelles l’allongement du mandat présidentiel à sept ans, renouvelable une seule fois, contre six ans selon la Constitution précédente. Ce choix, justifié par la nécessité de stabilité et de continuité, est considéré par de nombreux observateurs comme une manœuvre politique qui renforce la concentration du pouvoir autour du président.

La Constitution introduit un régime présidentiel avec un pouvoir exécutif renforcé, où le président de la République conserve des prérogatives importantes, notamment la nomination du Premier ministre et la direction de la politique extérieure. Le texte supprime certaines restrictions préexistantes qui empêchaient les membres de la junte de se présenter aux élections présidentielles ultérieures, ouvrant une voie pour la candidature probable du général Doumbouya.

Débats et rejet partiel

Malgré le fort taux d’approbation au référendum, ce scrutin a été fortement contesté par un parti de l’opposition regroupée sous la bannière « Forces Vives de Guinée », qui a déclaré une « mascarade électorale » et un processus de consultation déficient. Ces opposants reprochent notamment un manque de transparence, l’absence de dialogue véritable avec la classe politique élargie, et la non-inclusion effective des différents acteurs sociaux.

Cette opposition a appelé au boycott des urnes, position partiellement suivie dans certains bastions, mais globalement dépassée par la forte participation constatée. La fracture démocratique reste donc palpable, avec des risques de tensions à moyen terme.

Enjeux de stabilité et perspectives politiques

Sur le plan de rétablissement de la paix sociale, la nouvelle Constitution présente l’espoir d’un retour à un ordre juridique et institutionnel normalisé. La fin de la transition militaire pourrait permettre l’organisation d’élections présidentielles et législatives crédibles, un impératif pour un contexte marqué par plusieurs années d’instabilité.

Pourtant, la concentration accumule des pouvoirs et la possibilité pour la junte de rester au pouvoir longtemps alimentent les craintes sur la qualité de la démocratie future. Les observateurs internationaux soulignent que la gouvernance démocratique en Guinée dépendra beaucoup de la mise en place effective des contre-pouvoirs, d’une justice indépendante, et de la capacité des institutions à garantir le respect des libertés et droits fondamentaux.

Un défi de gouvernance au cœur de l’Afrique de l’Ouest

La nouvelle Constitution guinéenne intervient dans un contexte régional où la gouvernance et la démocratie sont fragilisées par des crises politiques, des coups d’État et des risques sécuritaires permanents. Le succès ou l’échec de ce texte aura un impact important sur l’image et l’avenir de la région, notamment dans l’espace CEDEAO.

Alors que la Guinée aspire à renouer avec la stabilité, les acteurs politiques, la société civile et la communauté internationale appellent à un climat apaisé, à un dialogue inclusif, et à un engagement clair vers la transparence et la responsabilité politique.

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