RDC : Explosion des violences sexuelles dans l’Est – L’ONU et l’Unicef face à l’urgence humanitaire
Goma, 23 avril 2025 –
La République démocratique du Congo (RDC) traverse une nouvelle crise humanitaire majeure. Selon l’Unicef et l’ONU, jamais la région de l’Est du pays n’a connu une telle flambée de violences sexuelles, en particulier à l’encontre des femmes et des enfants. Alors que les conflits armés persistent, la société civile et les organisations internationales tirent la sonnette d’alarme, dénonçant une situation intenable et appelant à une mobilisation d’urgence.
Une situation hors de contrôle
Les chiffres publiés par l’Unicef sont accablants : en 2024, plus de 20 000 cas de violences sexuelles ont été recensés dans les provinces du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et de l’Ituri, soit une augmentation de près de 40 % par rapport à l’année précédente. Les victimes sont majoritairement des femmes, mais aussi de plus en plus d’enfants, certains âgés de moins de 10 ans.
Les groupes armés, profitant de l’instabilité chronique et de l’absence de l’État, utilisent le viol comme arme de guerre pour terroriser les populations, briser les liens communautaires et asseoir leur domination sur les territoires. Les déplacés internes, vivant dans des camps précaires, sont particulièrement vulnérables.
Des témoignages bouleversants
À Goma, capitale du Nord-Kivu, les centres d’accueil débordent. « Nous recevons chaque jour des dizaines de femmes et d’enfants traumatisés, souvent blessés physiquement et psychologiquement », confie Marie, infirmière dans une ONG locale. Les récits sont glaçants : enlèvements, viols collectifs, mutilations, stigmatisation sociale. Beaucoup de victimes n’osent pas parler, par peur des représailles ou de la honte.
Pour les enfants, le traumatisme est d’autant plus profond qu’il s’accompagne souvent d’un rejet familial et d’une interruption brutale de la scolarité. Les conséquences à long terme sont dramatiques : dépression, troubles post-traumatiques, risques accrus de maladies, marginalisation.
L’ONU et l’Unicef en première ligne
Face à l’ampleur de la crise, les agences des Nations unies multiplient les alertes. « La situation dans l’Est de la RDC est une urgence humanitaire majeure. Nous appelons à une mobilisation internationale pour protéger les femmes et les enfants », a déclaré Catherine Russell, directrice exécutive de l’Unicef.
Les ONG locales et internationales réclament davantage de moyens pour la prise en charge médicale et psychologique des victimes, ainsi que pour la prévention et la lutte contre l’impunité. Mais les financements manquent, et la sécurité reste précaire dans de nombreuses zones.
L’impunité, un fléau persistant
Malgré les efforts des autorités congolaises et de la communauté internationale, l’impunité demeure la règle. Peu de bourreaux sont poursuivis ou condamnés, en raison de la faiblesse du système judiciaire, de la corruption et des menaces contre les témoins. Les victimes, souvent stigmatisées, hésitent à porter plainte.
Pour de nombreux observateurs, la lutte contre les violences sexuelles doit passer par un renforcement de l’État de droit, une réforme profonde du secteur judiciaire et une protection accrue des victimes et des témoins.
Des initiatives locales porteuses d’espoir
Malgré l’ampleur du drame, des initiatives locales émergent. Des associations de femmes, des leaders religieux et des ONG s’engagent pour sensibiliser, accompagner les victimes et briser le silence. Des campagnes de sensibilisation dans les écoles et les communautés commencent à porter leurs fruits, même si le chemin reste long.
Conclusion
La flambée des violences sexuelles dans l’Est de la RDC est un drame humain et un défi pour la communauté internationale. Face à l’urgence, seule une mobilisation collective, associant autorités congolaises, ONG et partenaires internationaux, permettra de protéger les victimes, de lutter contre l’impunité et de reconstruire le tissu social déchiré par des années de conflit.