Doha, 4 septembre 2025 – Les négociations de paix entre le gouvernement de la République démocratique du Congo (RDC) et le groupe rebelle Mouvement du 23 mars (M23), menées sous la médiation du Qatar, traversent une phase délicate. Alors qu’un accord de principe avait été signé à Doha le 19 juillet 2025, la question épineuse de la libération des prisonniers, demandée par le M23, est devenue un obstacle majeur à la conclusion d’un accord global et définitif.
Le conflit dans l’est de la RDC, marqué par des décennies de violences intercommunautaires et d’hostilités armées, a été momentanément suspendu grâce à un cessez-le-feu négocié, mais fragile. L’Alliance Fleuve Congo/M23 exige la libération de plusieurs dizaines de détenus d’intérêt stratégique qu’il considère comme injustement emprisonnés. Cette demande vise, selon leurs représentants, à restaurer la confiance et à asseoir leurs garanties de sécurité dans le cadre d’une paix durable.
Toutefois, le gouvernement congolais, réticent à répondre favorablement à cette exigence avant d’obtenir des engagements clairs sur la démobilisation et le désarmement du M23, défend un cadre légal et constitutionnel strict qui limite toute libération sans réelle garantie de cessation des hostilités. Cette opposition a provoqué un blocage dans les discussions qui devaient aboutir à un accord de paix global initialement prévu pour août 2025.
Dans le cadre de ces pourparlers, des accords secondaires portant sur la mise en place d’un mécanisme de vérification du cessez-le-feu, la fin des campagnes de propagande haineuse et la reprise de l’autorité de l’État dans les territoires concernés avaient été adoptés. Ces mesures ont été supervisées notamment par la MONUSCO et le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Cette médiation, malgré son implication active et ses soutiens internationaux, y compris des États-Unis et de l’Union africaine, pâtit des tensions persistantes au sol. Sur le terrain, les combats entre les Forces armées congolaises et les forces M23 n’ont pas complètement cessé, attisant méfiances et frustrations.
En parallèle, la pression diplomatique sur le Rwanda, accusé par Kinshasa de soutenir le M23, voire de complicité, est forte, ce qui complexifie davantage la recherche d’un compromis. Le Rwanda, invité en tant qu’observateur aux négociations, dément formellement tout soutien actif au groupe rebelle.
Les défis à relever sont colossaux : il faut non seulement mettre fin à la violence, mais aussi garantir un retour sécurisé et digne des réfugiés et déplacés internes, restaurer la confiance entre communautés et réparer les injustices. Ces objectifs supposent une feuille de route claire pour la réconciliation et la reconstruction.
Avec la prolongation des négociations et le retard du processus, le risque d’une reprise des hostilités fragilise les espoirs d’une paix durable, mettant la population civile dans une situation toujours plus précaire. Plus de 400 000 personnes sont déjà déplacées dans la région, confrontées à une crise humanitaire aggravée.
Un expert diplomatique souligne que « la libération des détenus est un point de discorde dans beaucoup de processus de paix, mais c’est aussi un levier stratégique qui nécessite un équilibre délicat entre justice, sécurité et réconciliation ». La manière dont ce dilemme sera géré pourrait bien déterminer l’avenir immédiat de la RDC et la stabilité de toute l’Afrique centrale.