RDC : Le M23 relance la guerre à l’Est – recomposition militaire et crise humanitaire au Nord-Kivu
Goma, 23 avril 2025 –
L’Est de la République démocratique du Congo (RDC) est de nouveau le théâtre d’une escalade militaire majeure. Le Mouvement du 23 mars (M23), groupe rebelle déjà tristement célèbre pour ses offensives de 2012-2013, a repris du terrain au Nord-Kivu, provoquant une recomposition des forces armées et une aggravation de la crise humanitaire. Cette résurgence s’inscrit dans un contexte régional explosif, où la rivalité entre Kinshasa et Kigali, la faiblesse de l’État congolais et la multiplicité des acteurs armés compliquent toute perspective de paix durable.
Le M23, une menace persistante et évolutive
Le M23, principalement composé de Tutsis congolais, a repris les armes en 2021, profitant de l’essoufflement des opérations militaires congolaises et du retrait partiel de la MONUSCO. Depuis début 2025, ses combattants ont multiplié les offensives, prenant le contrôle de localités stratégiques autour de Goma, coupant des axes routiers vitaux et menaçant les grands centres urbains. Selon des sources locales, le groupe bénéficie d’un armement sophistiqué et d’un commandement structuré, ce qui lui permet de résister aux contre-offensives de l’armée congolaise (FARDC).
Une recomposition des alliances militaires
Face à l’avancée du M23, l’armée congolaise a renforcé sa coopération avec des groupes d’autodéfense locaux, les « Wazalendo », et sollicité l’appui de contingents régionaux. L’EACRF (force régionale de la Communauté d’Afrique de l’Est) a tenté de jouer un rôle d’interposition, mais son efficacité reste contestée, certains accusant même certains contingents de collusion avec les rebelles. La présence de mercenaires étrangers, de milices hutu (FDLR) et de groupes armés ougandais (ADF) complexifie encore le paysage sécuritaire.
Rivalité RDC-Rwanda : une crise régionale
La résurgence du M23 ravive les tensions historiques entre la RDC et le Rwanda, Kinshasa accusant Kigali de soutenir activement les rebelles, ce que le gouvernement rwandais dément. Les incidents frontaliers se multiplient, faisant craindre une extension du conflit au-delà des frontières congolaises. L’Angola et l’Union africaine tentent une médiation, mais la méfiance reste forte610.
Conséquences humanitaires et sociales
La population civile paie un lourd tribut à cette nouvelle vague de violence. Plus de 500 000 personnes ont été déplacées depuis janvier 2025, selon l’OCHA. Les camps autour de Goma et dans le Masisi sont saturés, manquant de nourriture, d’eau potable et de soins médicaux. Les écoles et centres de santé ferment, tandis que les violences sexuelles et les exactions se multiplient, dans un climat d’impunité quasi totale.
Impuissance de la communauté internationale
La MONUSCO, en phase de désengagement, peine à protéger les civils et à contenir la progression des groupes armés. Les appels à une intervention plus robuste se heurtent à la lassitude des bailleurs et à la complexité du terrain. Les sanctions internationales contre les chefs du M23 et leurs soutiens régionaux restent largement symboliques.
Perspectives pour la paix
La résolution du conflit passe par une approche régionale intégrée, impliquant la RDC, le Rwanda, l’Ouganda et les partenaires africains. La relance du dialogue de Nairobi et la pression sur les soutiens extérieurs du M23 sont des conditions nécessaires, mais non suffisantes, pour ramener la stabilité. La réforme de l’armée congolaise, la lutte contre l’impunité et la réintégration des ex-combattants sont également essentielles.
Conclusion
Le retour du M23 au Nord-Kivu illustre la fragilité de la paix à l’Est de la RDC et la nécessité d’une mobilisation régionale et internationale renouvelée. Sans solutions structurelles, le risque d’un embrasement généralisé et d’une crise humanitaire durable demeure élevé.