RDC : L’armée reprend deux localités stratégiques au Nord-Kivu – combats intenses contre le M23, la population en détresse

Africanova Conflit | 29 mai 2025

Introduction : Le Nord-Kivu sous haute tension

La République démocratique du Congo (RDC) reste le théâtre d’affrontements violents dans la province du Nord-Kivu. Le 29 mai 2025, l’armée congolaise (FARDC) a annoncé avoir repris le contrôle de deux localités stratégiques, Rutshuru et Kiwanja, après de violents combats contre les rebelles du M23. Cette avancée militaire intervient dans un contexte de crise humanitaire aiguë, alors que des milliers de civils fuient les zones de combat.

Les faits : une offensive militaire d’envergure

Selon le porte-parole des FARDC, les opérations de reconquête ont débuté à l’aube, mobilisant des unités d’infanterie, des blindés et un appui aérien. Les rebelles du M23, retranchés dans plusieurs villages, ont opposé une résistance farouche avant de battre en retraite vers la frontière rwandaise.

Le bilan provisoire fait état d’au moins 20 morts parmi les combattants, et de plusieurs blessés dans les rangs de l’armée. Des armes et des munitions ont été saisies, et les autorités affirment poursuivre la traque des groupes armés dans la région.

Contexte : le M23, une menace persistante

Le Mouvement du 23 mars (M23) est l’un des groupes armés les plus actifs dans l’est de la RDC. Accusé de bénéficier du soutien du Rwanda voisin, il mène depuis plusieurs années une guérilla contre l’armée congolaise et sème la terreur parmi les populations civiles. Les combats récents s’inscrivent dans une longue série d’affrontements pour le contrôle des territoires riches en ressources minières.

La communauté internationale, via la MONUSCO (Mission de l’ONU en RDC), tente de soutenir les efforts de stabilisation, mais la situation reste extrêmement volatile.

Les conséquences humanitaires : exode et détresse

La reprise des localités par l’armée s’accompagne d’un nouvel exode de civils. Selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 15 000 personnes ont fui les combats ces dernières 48 heures, cherchant refuge à Goma ou dans des camps de déplacés improvisés. Les conditions de vie y sont précaires : manque d’eau, de nourriture, d’abris et de soins médicaux.

Les ONG alertent sur le risque d’épidémies et sur la vulnérabilité des femmes et des enfants. « La priorité est de protéger les civils et d’assurer un accès humanitaire sécurisé », insiste un responsable de Médecins du Monde.

Les enjeux sécuritaires et politiques

La reconquête de Rutshuru et Kiwanja est un succès symbolique pour les FARDC, mais la stabilité reste fragile. D’autres groupes armés, dont les FDLR et les milices locales, continuent de menacer la région. Les autorités congolaises appellent à une coopération renforcée avec les pays voisins pour sécuriser les frontières et tarir le soutien logistique aux rebelles.

Sur le plan politique, le gouvernement de Félix Tshisekedi doit composer avec une opinion publique lassée par l’insécurité chronique et la lenteur des réformes. La question du dialogue avec les groupes armés reste posée, alors que la population aspire à la paix et au développement.

Réactions nationales et internationales

Le gouvernement congolais a salué « le courage et la détermination » des FARDC, tout en appelant la population à la vigilance. La MONUSCO a réaffirmé son soutien à l’armée et demandé le respect du droit international humanitaire.

L’Union africaine et la CIRGL (Conférence internationale sur la région des Grands Lacs) appellent à la retenue et à la reprise du dialogue régional pour éviter une escalade du conflit.

Perspectives : paix fragile et défis à venir

La reprise de Rutshuru et Kiwanja ne marque pas la fin des hostilités. Les FARDC doivent consolider leurs positions, sécuriser les axes routiers et restaurer la confiance des populations. La réussite de cette offensive dépendra de la capacité des autorités à associer réponse militaire, dialogue politique et aide humanitaire.

La paix durable dans le Nord-Kivu passe par une solution régionale, impliquant le Rwanda, l’Ouganda et l’ensemble des acteurs locaux. L’avenir de la province dépendra aussi du retour de l’État, du développement économique et de la lutte contre l’impunité.

Conclusion : Un tournant dans la crise du Nord-Kivu ?

L’offensive des FARDC au Nord-Kivu est un signal fort, mais la route vers la paix reste longue. La RDC doit relever le défi de la sécurité, de la protection des civils et du développement pour tourner la page des conflits. La communauté internationale est appelée à soutenir cet effort, dans l’intérêt de toute la région des Grands Lacs.

Related posts

Burkina Faso : les frères Dicko, importateurs du djihad, sous surveillance accrue

RDC : Joseph Kabila, l’ex-chef d’État, rend visite aux chefs religieux à Goma pour parler résolution et négociations en cours avec le Rwanda et le M23

Les guerres d’obédience musulmane en Afrique : causes, enjeux, réseaux et perspectives de paix