RDC, la MONUSCO accueille des militaires après la prise de Goma par le M23

Members of the M23 armed group arrive in a pickup truck at the compound where residents gather for a protest against the Congolese government, expressing support for the M23 armed group in Goma on January 31, 2025. The Rwandan-backed armed group M23 moved south as it closed in on a key military airport in DR Congo on January 31, 2025, a day after pledging to take the capital Kinshasa and as international criticism mounted. The group's capture of most of Goma, the capital of North Kivu province, earlier in the week was a dramatic escalation in a region that has seen decades of conflict involving multiple armed groups. (Photo by Tony KARUMBA / AFP)

Chapeau
La prise de la ville stratégique de Goma par les rebelles du M23 a provoqué un nouveau bouleversement dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC). Face à l’avancée des insurgés, des centaines de militaires congolais ont trouvé refuge auprès de la MONUSCO, la mission des Nations unies, illustrant la gravité de la crise sécuritaire et humanitaire dans la région des Grands Lacs.

La chute de Goma : un tournant dans le conflit

Le M23, mouvement rebelle actif dans le Nord-Kivu, a lancé en mai 2025 une offensive fulgurante sur Goma, capitale provinciale et carrefour économique majeur. Malgré la résistance des forces armées congolaises (FARDC), la ville est tombée aux mains des insurgés, provoquant la fuite de milliers d’habitants et la désorganisation des autorités locales.

La prise de Goma marque un tournant dans le conflit : elle confère au M23 un avantage stratégique, lui permettant de contrôler les principaux axes routiers et d’imposer son influence sur une large partie du Nord-Kivu.

La MONUSCO, dernier rempart pour les militaires et civils

Face à la débâcle, plusieurs centaines de militaires congolais se sont repliés vers les bases de la MONUSCO, cherchant protection et assistance. La mission onusienne, critiquée pour son incapacité à empêcher la progression du M23, joue néanmoins un rôle crucial dans la protection des civils et l’accueil des soldats en déroute.

La MONUSCO a renforcé ses dispositifs de sécurité autour de ses camps et coordonne l’aide humanitaire avec les ONG et les agences internationales. Toutefois, la situation reste précaire : les ressources sont limitées, et la pression des rebelles sur les zones contrôlées par l’ONU s’intensifie.

Conséquences humanitaires et sécuritaires

La chute de Goma a provoqué un nouvel exode massif : selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), plus de 200 000 personnes ont été déplacées en quelques jours, aggravant une crise déjà dramatique dans la région. Les besoins en nourriture, en abris et en soins médicaux explosent, alors que les capacités de réponse humanitaire sont saturées.

Sur le plan sécuritaire, la perte de Goma affaiblit la position du gouvernement congolais et complique les efforts de stabilisation dans l’est du pays. Les risques de violences intercommunautaires, de représailles et de nouvelles offensives rebelles sont élevés.

Enjeux régionaux et diplomatiques

La crise de Goma a des répercussions au-delà des frontières de la RDC. Les tensions entre Kinshasa et Kigali s’exacerbent, le gouvernement congolais accusant le Rwanda de soutenir le M23, ce que Kigali dément. La Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) et l’Union africaine appellent à la désescalade et à la reprise du dialogue, mais la méfiance reste forte.

La MONUSCO, dont le mandat est régulièrement remis en question, se retrouve sous pression pour justifier sa présence et son efficacité. Certains acteurs locaux réclament une réforme profonde de la mission, voire son retrait progressif, tandis que d’autres insistent sur la nécessité de maintenir une présence internationale pour éviter un effondrement total de l’ordre public.

Conclusion

La prise de Goma par le M23 et le repli des militaires congolais vers la MONUSCO illustrent la fragilité de la paix dans l’est de la RDC. Face à une crise humanitaire et sécuritaire majeure, la coordination entre acteurs nationaux, régionaux et internationaux sera déterminante pour éviter une escalade et protéger les populations civiles.

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