La République démocratique du Congo (RDC) fait face à un défi humanitaire critique avec le retour massif, entre mai et juillet 2025, de plus de 12 000 migrants en provenance de Libye. Cet afflux inédit, conséquence de la politique de fermeture progressive des camps et de l’intensification des contrôles migratoires sur la route méditerranéenne, bouleverse les équilibres sociaux et met à rude épreuve les structures d’accueil déjà fragilisées par de multiples crises internes.
Un rapatriement forcé aux conséquences humaines majeures
La majorité des migrants congolais, mais aussi centrafricains, guinéens ou ivoiriens, étaient arrivés en Libye depuis 2021 dans l’espoir de rejoindre l’Europe. Cependant, la situation sécuritaire instable à Tripoli, combinée à l’augmentation des arrestations et détentions arbitraires, a poussé l’Organisation internationale des migrations (OIM) à organiser des retours volontaires et humanitaires. À leur arrivée à Kinshasa, Lubumbashi ou Goma, les migrants sont pris en charge par un dispositif d’urgence regroupant ONG locales, Croix-Rouge et autorités congolaises.
Le parcours de ces migrants est marqué par les traumatismes liés à la détention, la violence et, pour beaucoup, des pertes humaines et patrimoniales considérables. Déjà fragilisés par leur échec migratoire, nombreux sont ceux qui peinent à retrouver une place dans une société en proie au chômage de masse et à l’absence de politique formelle de réinsertion.
Pression sur la société civile et défi d’intégration
Face à l’ampleur du phénomène, la société civile congolaise tire la sonnette d’alarme. Plusieurs associations dénoncent la faiblesse des dispositifs d’accompagnement psychologique, l’insuffisance des aides à l’emploi et le manque de suivi médical. Les centres de transit, souvent saturés, peinent à offrir un encadrement digne : absence d’eau potable, surpeuplement, épidémies de paludisme et d’infections respiratoires. Les ONG locales réclament un plan de réponse gouvernemental coordonné, appuyé par la communauté internationale, pour éviter qu’une nouvelle génération de jeunes désœuvrés ne soit tentée par l’exil ou happée par les réseaux criminels.
Vers une politique migratoire régionale ?
La crise de 2025 invite toute l’Afrique centrale à repenser la gestion des flux migratoires. Plusieurs experts internationaux préconisent la mise en place d’accords bilatéraux pour une migration circulaire et sécurisée, l’instauration de programmes régionaux de réinsertion et le renforcement de la diplomatie multilatérale avec les États du Maghreb et l’Union européenne.
En RDC, la société civile poursuit son engagement : cellules d’écoute, accompagnement à la formation professionnelle et plaidoyer pour la reconnaissance des droits des migrants de retour. Les prochains mois seront décisifs pour transformer ce choc démographique en opportunité de développement inclusif ou, au contraire, laisser le terrain à de nouveaux désordres socio-politiques.