La Pologne s’apprête à vivre un tournant politique majeur à la suite du premier tour de l’élection présidentielle, qui s’est tenu le 2 juin 2025. Selon les premières estimations, le candidat du parti nationaliste Droit et Justice (PiS), Marek Nowak, arrive en tête avec 51% des voix, devançant largement ses concurrents centristes et libéraux. Ce score, s’il se confirme au second tour, consacrerait un virage à droite de la Pologne et aurait des répercussions profondes sur l’équilibre politique de l’Union européenne.
Un scrutin sous haute tension
La campagne présidentielle polonaise a été marquée par un climat de tension et de polarisation extrême. Les thèmes de l’immigration, de la souveraineté nationale et de la défense des « valeurs traditionnelles » ont dominé les débats, reléguant au second plan les questions économiques ou sociales. Marek Nowak, 48 ans, ancien ministre de l’Intérieur, a bâti sa campagne sur la promesse de « protéger la Pologne contre les ingérences étrangères » et de « restaurer la fierté nationale ».
Son principal adversaire, la centriste Anna Lewandowska, a tenté de mobiliser l’électorat urbain et les jeunes autour de thèmes comme l’État de droit, l’indépendance de la justice et l’ouverture à l’Europe. Mais la forte mobilisation des zones rurales et des électeurs âgés a permis au PiS de creuser l’écart.
Les ressorts du succès nationaliste
Le succès de Marek Nowak s’explique par plusieurs facteurs. D’abord, la capacité du PiS à contrôler une grande partie des médias publics et à imposer son agenda dans le débat national. Ensuite, la crainte d’une perte de souveraineté face à Bruxelles, alimentée par les débats sur la politique migratoire et les sanctions européennes contre la Pologne pour atteintes à l’État de droit.
La campagne a également été marquée par une rhétorique anti-LGBTQ+, des attaques contre les ONG et une remise en cause de l’indépendance de la justice. Ces thèmes ont trouvé un écho dans une partie de la population, inquiète des changements sociétaux et attachée à une vision conservatrice de la nation.
Conséquences pour l’Union européenne
La victoire probable du PiS à la présidentielle renforcerait la position de la Pologne au sein du groupe des pays dits « souverainistes » de l’UE, aux côtés de la Hongrie et de la Slovaquie. Elle compliquerait les discussions sur la réforme des institutions européennes, la politique migratoire commune et le respect des valeurs démocratiques. Plusieurs responsables européens ont déjà exprimé leur préoccupation, appelant Varsovie à respecter ses engagements en matière d’État de droit.
Sur le plan international, la Pologne pourrait se rapprocher davantage des États-Unis et du Royaume-Uni, tout en entretenant des relations tendues avec l’Allemagne et la France. Les questions de défense, notamment face à la Russie, resteront au cœur de la politique étrangère polonaise.
Réactions et perspectives
En Pologne, la victoire de Marek Nowak est saluée par ses partisans comme une « victoire du peuple » face aux élites et aux « intérêts étrangers ». Les opposants dénoncent une dérive autoritaire et appellent à la mobilisation pour le second tour, même si l’écart semble difficile à combler.
Les observateurs internationaux soulignent le risque d’une marginalisation progressive de la Pologne au sein de l’UE et d’une montée des tensions internes, notamment avec les minorités et les défenseurs des droits humains. La société civile, qui s’était fortement mobilisée lors des précédentes élections, semble cette fois plus résignée, même si des manifestations sont prévues dans plusieurs grandes villes.
Un test pour la démocratie polonaise
L’élection présidentielle de 2025 constitue un test crucial pour la démocratie polonaise. Si la victoire du PiS se confirme, elle consacrera une nouvelle étape dans la consolidation d’un pouvoir conservateur et nationaliste, déjà critiqué pour ses atteintes à l’indépendance de la justice et à la liberté de la presse. Le scrutin polonais sera scruté de près par l’ensemble des partenaires européens, inquiets de voir un grand pays de l’UE s’éloigner des standards démocratiques.