Introduction
La Guinée, dirigée par la junte du colonel Mamady Doumbouya depuis le coup d’État de septembre 2021, s’enfonce dans une crise de légitimité. Alors que le référendum constitutionnel est fixé au 21 septembre 2025, les doutes persistent sur la tenue effective des élections promises. Entre pression de la CEDEAO, méfiance de l’opposition et ambiguïtés sur l’avenir de Doumbouya, cet article décrypte les enjeux d’une transition à la dérive.
Un calendrier électoral flou malgré les annonces
Le gouvernement a officiellement programmé un référendum constitutionnel pour septembre 2025, première étape vers des élections générales. Pourtant, le premier ministre Amadou Oury Bah reconnaît des « difficultés majeures » : absence de fichier électoral fiable, retard dans l’adoption du code électoral et contraintes climatiques (saison des pluies de juillet à septembre)34. Le porte-parole Ousmane Gaoual Diallo a même admis que « toutes les élections ne peuvent pas se faire en 2025 », laissant planer un report partiel des scrutins.
La nouvelle Constitution : Un outil de légitimation ?
Le projet de loi fondamentale, dévoilé en juillet 2024, suscite des craintes :
- Suppression de la limite des mandats présidentiels, ouvrant la voie à une candidature de Doumbouya
- Renforcement des pouvoirs de l’exécutif au détriment du législatif
- Absence de consultation inclusive des partis politiques et de la société civile
Des proches du colonel évoquent une possible candidature en 2025, malgré ses dénégations publiques. « Si la Constitution le permet, pourquoi pas ? », glisse un conseiller sous anonymat.
Pressions internationales et résistances locales
La CEDEAO, qui exigeait un retour à l’ordre constitutionnel pour fin 2024, multiplie les avertissements. En décembre 2024, l’Union citoyenne pour l’émergence de la Guinée réclamait un « dialogue inclusif », tandis que des manifestations anti-junte se préparaient à Paris7. L’opposition, marginalisée (UFDG placée sous surveillance, anciens partis dissous), dénonce une « mascarade électorale » visant à pérenniser le régime militaire.
Scénarios possibles pour 2025
- Tenue du référendum seul : Report des élections à 2026, prolongeant de facto la transition
- Élections partielles : Législatives en 2025, présidentielle différée
- Candidature surprise de Doumbouya : Malgré ses démentis, hypothèse crédible si la nouvelle Constitution l’autorise68
Conclusion
La Guinée incarne les contradictions des transitions militaires en Afrique de l’Ouest. Si le référendum de septembre 2025 pourrait apaiser les partenaires internationaux, l’absence de consensus politique interne et les ambiguïtés constitutionnelles risquent d’en faire un outil de consolidation du pouvoir en place plutôt qu’une voie vers la démocratie.