Pétrole : l’australien Santos reçoit une offre d’achat de 18,7 milliards de dollars d’Abu Dhabi National Oil Company – Vers une nouvelle ère pour l’industrie énergétique mondiale ?

Les prix du gaz naturel liquéfié et la concrétisation de nouveaux projets du groupe australien en font une cible de reprise alléchante. (archive)

Le secteur mondial de l’énergie est en pleine mutation, et l’annonce du 16 juin 2025 en est une nouvelle illustration spectaculaire : le géant australien Santos a confirmé avoir reçu une offre d’achat de 18,7 milliards de dollars de la part d’Abu Dhabi National Oil Company (ADNOC), l’un des principaux acteurs du marché pétrolier mondial. Cette opération, si elle aboutit, pourrait bouleverser l’équilibre du secteur, accélérer la recomposition des alliances et poser de nouveaux défis à la transition énergétique.

Une opération stratégique d’envergure

Santos, acteur clé de l’exploration et de la production d’hydrocarbures en Australie et en Asie-Pacifique, est depuis plusieurs années la cible de convoitises de la part des grands groupes internationaux. L’offre d’ADNOC, supérieure de 30 % à la capitalisation boursière actuelle de Santos, témoigne de la volonté des Émirats arabes unis d’élargir leur portefeuille d’actifs et de renforcer leur présence sur les marchés asiatiques.

Pour ADNOC, cette acquisition s’inscrit dans une stratégie de diversification et d’expansion, visant à sécuriser l’accès à des réserves de gaz et de pétrole de haute qualité, tout en profitant de la croissance de la demande en Asie. Pour Santos, l’opération offre une opportunité de valoriser ses actifs, de financer de nouveaux projets et de s’adosser à un partenaire solide.

Les enjeux pour l’industrie pétrolière mondiale

L’annonce de l’offre d’achat intervient dans un contexte de volatilité accrue des marchés de l’énergie. La guerre au Moyen-Orient, les tensions en Ukraine et les incertitudes sur la transition énergétique ont fait grimper les prix du pétrole, suscitant un regain d’intérêt pour les actifs stratégiques.

La fusion entre Santos et ADNOC pourrait donner naissance à un nouveau géant capable de rivaliser avec les majors occidentales et asiatiques, de peser sur les décisions de l’OPEP et de jouer un rôle clé dans la sécurisation des approvisionnements mondiaux.

Les réactions des marchés et des gouvernements

À la Bourse de Sydney, l’action Santos a bondi de plus de 20 % à l’annonce de l’offre, tandis que les analystes saluent une opération « gagnant-gagnant » pour les deux parties. Le gouvernement australien, traditionnellement favorable aux investissements étrangers dans le secteur de l’énergie, a toutefois indiqué qu’il examinerait de près les implications stratégiques et environnementales de la transaction.

Les autorités d’Abu Dhabi, de leur côté, voient dans cette acquisition un moyen de consolider leur position de leader régional et de préparer l’après-pétrole, en investissant dans des technologies de capture du carbone et des énergies renouvelables.

Les défis de la transition énergétique

L’opération intervient alors que la pression s’accentue sur les groupes pétroliers pour accélérer leur transition vers des modèles plus durables. Santos, déjà engagé dans des projets de réduction des émissions et de développement du gaz naturel liquéfié (GNL), pourrait bénéficier du soutien financier et technologique d’ADNOC pour accélérer sa mutation.

Mais la fusion soulève aussi des inquiétudes chez les défenseurs de l’environnement, qui redoutent une relance des investissements dans les hydrocarbures au détriment des énergies propres. Les ONG appellent à des garanties sur le respect des engagements climatiques et la transparence des projets futurs.

Analyse : vers une recomposition du marché mondial de l’énergie ?

L’offre d’achat d’ADNOC sur Santos s’inscrit dans une vague de fusions-acquisitions qui redessine la carte du secteur énergétique. Face à la montée en puissance des acteurs asiatiques et du Golfe, les majors occidentales sont contraintes de revoir leurs stratégies, d’accélérer leur diversification et de renforcer leur présence sur les marchés émergents.

Pour l’Australie, l’opération pourrait renforcer son rôle de hub énergétique régional, mais aussi susciter des débats sur la souveraineté et la sécurité des approvisionnements. Pour les Émirats, c’est l’occasion de préparer l’avenir, en misant sur l’innovation et la diversification des sources de revenus.

Conclusion

L’offre d’achat de Santos par Abu Dhabi National Oil Company marque une étape clé dans la transformation du secteur énergétique mondial. Entre opportunités économiques, défis environnementaux et enjeux géopolitiques, cette opération illustre la complexité d’un marché en pleine mutation, où la course à la taille et à l’innovation sera déterminante pour les années à venir.

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