Le Pakistan a été frappé ce week-end par une série de tempêtes violentes et une vague de chaleur exceptionnelle, causant la mort d’au moins 14 personnes et des centaines de blessés. Ce nouvel épisode extrême, qui s’ajoute à une succession de catastrophes climatiques dans la région, illustre la vulnérabilité croissante de l’Asie du Sud face au dérèglement du climat mondial.
Des tempêtes meurtrières et une chaleur accablante
Selon les autorités pakistanaises, des vents violents, des pluies torrentielles et des orages de grêle ont balayé plusieurs provinces, endommageant des habitations, déracinant des arbres et provoquant des coupures d’électricité massives. À Karachi, Lahore et Multan, les services d’urgence ont été mobilisés pour secourir les habitants piégés par les inondations soudaines.
En même temps, une vague de chaleur record s’est abattue sur le centre et le sud du pays, avec des températures dépassant les 48°C dans certaines régions. Les hôpitaux ont accueilli des centaines de personnes souffrant de déshydratation, de coups de chaleur et de complications respiratoires. Les autorités ont appelé la population à rester à l’abri, à boire beaucoup d’eau et à éviter les déplacements inutiles.
Un enchaînement de catastrophes climatiques
Le Pakistan n’en est pas à sa première catastrophe climatique. En 2022, des inondations historiques avaient submergé un tiers du pays, faisant plus de 1 700 morts et des millions de déplacés. Depuis, les épisodes de sécheresse, de canicule et de tempêtes se multiplient, mettant à rude épreuve les infrastructures, l’agriculture et la santé publique.
Les scientifiques attribuent cette intensification des phénomènes extrêmes au changement climatique global, qui modifie les cycles de mousson, accentue l’évaporation et favorise les épisodes de chaleur intense. L’Asie du Sud, densément peuplée et dépendante de l’agriculture, est particulièrement exposée.
Les populations rurales en première ligne
Dans les campagnes du Pendjab, du Sindh et du Baloutchistan, les agriculteurs voient leurs récoltes détruites par les intempéries et la sécheresse. Les pertes de bétail, la destruction des cultures et la contamination des eaux menacent la sécurité alimentaire de millions de familles. « Nous avons tout perdu en une nuit », témoigne un paysan du Sindh, interrogé par Africanova.
Les enfants, les personnes âgées et les femmes enceintes sont les plus vulnérables. Les écoles ferment, les dispensaires sont débordés, et les ONG peinent à répondre à l’ampleur des besoins.
Les défis de la gestion de crise
Face à la multiplication des catastrophes, le gouvernement pakistanais tente de renforcer les capacités de gestion de crise : construction de digues, amélioration des systèmes d’alerte, distribution de kits d’urgence, campagnes de sensibilisation. Mais le manque de moyens, la corruption et l’instabilité politique freinent l’efficacité des réponses.
La coopération internationale est essentielle. Le Pakistan bénéficie du soutien de l’ONU, de la Banque mondiale et de plusieurs ONG, mais les financements peinent à suivre l’ampleur des dégâts. Les experts appellent à une solidarité accrue, à la fois pour l’aide d’urgence et pour l’adaptation à long terme.
L’adaptation au changement climatique, un enjeu vital
Pour les spécialistes, la priorité est à l’adaptation : développement de cultures résistantes à la sécheresse, rénovation des infrastructures, reboisement, gestion durable de l’eau, éducation à la prévention des risques. Les villes doivent repenser leur urbanisme pour faire face aux vagues de chaleur, tandis que les campagnes ont besoin de systèmes d’irrigation modernes et de filets de sécurité sociale.
Le Pakistan, comme l’Inde et le Bangladesh, réclame aussi une justice climatique : les pays du Sud, peu responsables des émissions mondiales, sont les plus exposés aux conséquences du réchauffement. La question de la compensation financière et du transfert de technologies est au cœur des négociations internationales.
Un avertissement pour toute l’Asie du Sud
Les événements de ce week-end sont un signal d’alarme pour toute la région. Le changement climatique n’est plus une menace lointaine, mais une réalité quotidienne qui bouleverse les sociétés, les économies et les modes de vie. Les migrations internes, les conflits pour l’eau et la terre, et la montée des maladies liées à la chaleur sont autant de défis à relever.
Conclusion : urgence d’agir, localement et globalement
Le Pakistan, pays en première ligne du dérèglement climatique, incarne les enjeux et les défis de l’Asie du Sud. Face à la multiplication des catastrophes, seule une mobilisation collective, alliant prévention, adaptation et solidarité internationale, permettra de protéger les populations et de construire un avenir plus résilient.