Le Bénin, nouveau front du terrorisme en Afrique de l’Ouest
Longtemps considéré comme l’un des pays les plus stables d’Afrique de l’Ouest, le Bénin est aujourd’hui confronté à une menace sécuritaire inédite. Depuis 2022, le pays fait face à une série d’attaques attribuées à des groupes jihadistes venus du Burkina Faso et du Niger. Cette évolution inquiète la population et met à l’épreuve les capacités de l’État béninois à protéger ses frontières et ses citoyens.
Multiplication des attaques et impact sur les populations
Les régions du nord du Bénin, en particulier l’Atacora, l’Alibori et le Borgou, sont devenues le théâtre d’incursions armées, d’enlèvements et de sabotages d’infrastructures. Les écoles ferment, les marchés se vident, et des milliers de personnes fuient vers le sud ou trouvent refuge dans les villes. Les attaques visent aussi bien les forces de sécurité que les civils, semant la peur et l’incertitude.
Les conséquences économiques sont lourdes : l’agriculture, pilier de l’économie locale, est paralysée, les investissements ralentissent et le tourisme, autrefois en essor, s’effondre. Les populations locales, souvent oubliées des politiques nationales, se sentent abandonnées et vulnérables.
Coopération régionale : une nécessité face à la menace transfrontalière
Face à la montée du terrorisme, le Bénin a renforcé sa coopération avec ses voisins, notamment le Burkina Faso, le Niger, le Togo et le Nigeria. Des opérations conjointes sont menées dans les zones frontalières pour traquer les groupes armés, échanger des renseignements et sécuriser les axes stratégiques.
Le Bénin participe également à des initiatives régionales telles que l’Initiative d’Accra et le G5 Sahel, qui visent à mutualiser les moyens militaires et à coordonner les réponses face à la menace. Cependant, ces efforts se heurtent à des défis majeurs : manque de ressources, corruption, rivalités politiques et difficultés de coordination.
Limites du dispositif sécuritaire béninois
Malgré la volonté affichée par le gouvernement, le dispositif sécuritaire béninois montre ses limites. L’armée et la police, sous-équipées et peu formées à la lutte anti-terroriste, peinent à contenir la menace. Les zones rurales, vastes et difficiles d’accès, échappent souvent au contrôle de l’État.
La population, méfiante envers les forces de l’ordre, hésite à collaborer, craignant des représailles de la part des groupes armés. Les programmes de développement et de prévention de la radicalisation restent insuffisants, alors que la pauvreté et le chômage alimentent le recrutement jihadiste.
Quelles solutions pour un avenir plus sûr ?
Pour inverser la tendance, le Bénin doit investir dans la formation et l’équipement de ses forces de sécurité, renforcer la coopération régionale et internationale, et surtout, impliquer davantage les communautés locales dans la prévention et la résolution des conflits. Le développement économique, l’accès à l’éducation et la justice sociale sont des leviers essentiels pour tarir le terreau du terrorisme.
La société civile, les chefs religieux et les leaders traditionnels ont un rôle clé à jouer dans la sensibilisation, la médiation et la reconstruction du lien social. Seule une approche globale et inclusive permettra au Bénin de retrouver la paix et la stabilité.