Nouvelle attaque meurtrière dans le Sahel – 12 civils tués, la région plongée dans la peur

Malian soldiers sit aboard a vehicle as they enter Bourem northen Mali on February 17, 2013. Leaders in Africa's Sahel region called on Saturday for further efforts to support Mali as they announced new funds to back a West African force in the country. A French-led military intervention launched on January 11 has driven the Islamist rebels in Mali from the towns they controlled, but concerns remain over stability amid suicide attacks and guerrilla fighting. AFP PHOTO /POOL PASCAL GUYOT (Photo credit should read PASCAL GUYOT/AFP via Getty Images)

Africanova Sécurité | 29 mai 2025

Introduction : Le Sahel burkinabè frappé par une nouvelle tragédie

Le Burkina Faso fait une fois de plus la une de l’actualité sécuritaire africaine. Dans la nuit du 28 au 29 mai 2025, une attaque d’une rare violence a frappé le village de Gorgadji, dans la région du Sahel, causant la mort d’au moins 12 civils et provoquant la fuite de centaines d’habitants. Ce nouvel épisode sanglant s’inscrit dans la spirale de violences qui endeuille le nord du pays depuis plusieurs années, alimentée par la présence de groupes armés terroristes affiliés à Al-Qaïda et à l’État islamique.

Les faits : une attaque coordonnée et meurtrière

Selon les premières informations recueillies auprès des autorités locales et de témoins, l’attaque s’est produite peu après 22h. Un groupe d’hommes lourdement armés, arrivés à moto et en pick-up, a fait irruption dans le village, tirant à l’arme automatique sur les habitants et incendiant plusieurs habitations. Les assaillants ont également pillé des vivres et du bétail avant de se replier vers la frontière nigérienne.

Le bilan humain est lourd : 12 personnes tuées, dont trois femmes et deux enfants, et plusieurs blessés graves. Des dizaines de familles ont fui vers la ville voisine de Dori, cherchant refuge dans des écoles et des bâtiments publics.

Contexte : une région en état d’urgence permanent

La région du Sahel burkinabè est l’une des plus touchées par l’insécurité sur le continent africain. Depuis 2015, les attaques de groupes jihadistes y sont quasi-quotidiennes, visant aussi bien les forces de sécurité que les civils. Le gouvernement burkinabè, qui a décrété l’état d’urgence dans plusieurs provinces, peine à reprendre le contrôle du territoire.

Selon l’ONU, plus de 2 000 écoles sont fermées dans le nord du pays, et près de 2 millions de personnes sont déplacées internes, fuyant les violences. Les ONG humanitaires alertent sur une crise alimentaire majeure, aggravée par l’insécurité et les déplacements massifs de population.

Les réactions : indignation et appels à l’aide

Le président de la transition, le capitaine Ibrahim Traoré, a condamné « une attaque barbare contre des innocents » et promis de « tout mettre en œuvre pour traquer les auteurs ». Il a également appelé la communauté internationale à renforcer son soutien au Burkina Faso, notamment en matière de renseignement et de logistique militaire.

Les organisations de la société civile, elles, dénoncent l’impuissance de l’État face à la montée de la violence. « Nos villages sont abandonnés, nous vivons dans la peur permanente », témoigne un habitant de Dori. Plusieurs associations réclament une meilleure protection des civils et une aide d’urgence pour les déplacés.

Les enjeux sécuritaires : une guerre d’usure

Cette nouvelle attaque met en lumière la difficulté des autorités burkinabè à sécuriser le Sahel. Malgré les opérations militaires conjointes avec les pays voisins (Niger, Mali) et le soutien de partenaires internationaux comme la France, la situation ne cesse de se détériorer. Les groupes armés profitent de la porosité des frontières, du manque d’équipements des forces locales et des tensions communautaires pour s’implanter durablement.

La stratégie des groupes jihadistes consiste à terroriser la population, à couper les axes de communication et à s’attaquer aux symboles de l’État (mairies, écoles, postes de police). Leur objectif : créer des zones de non-droit et affaiblir la légitimité du pouvoir central.

Les conséquences humanitaires : un exode silencieux

Au-delà du drame immédiat, l’attaque de Gorgadji accentue une crise humanitaire déjà critique. Les déplacés internes, privés de leurs terres et de leurs moyens de subsistance, survivent dans des conditions précaires. L’accès à l’eau, à la nourriture et aux soins de santé est de plus en plus difficile.

Les ONG présentes sur le terrain alertent sur le risque de famine et de propagation des maladies. « Le système de santé est à bout de souffle, et les besoins dépassent largement les capacités d’intervention », explique un responsable de Médecins Sans Frontières.

Les pistes de solution : sécurité, dialogue et développement

Face à cette situation, les experts s’accordent sur la nécessité d’une approche globale. La réponse militaire, indispensable, doit s’accompagner d’efforts en matière de dialogue communautaire, de développement local et de lutte contre la pauvreté. La réconciliation entre communautés peules, touareg et mossi est un enjeu clé pour tarir le recrutement des groupes armés.

La coopération régionale, via le G5 Sahel et la CEDEAO, reste essentielle pour coordonner la lutte contre le terrorisme et sécuriser les frontières. Mais elle doit s’appuyer sur une volonté politique forte et sur l’implication des populations locales.

Conclusion : Le Sahel burkinabè à la croisée des chemins

L’attaque de Gorgadji, en ce 29 mai 2025, rappelle l’urgence d’une mobilisation nationale et internationale pour sauver le Burkina Faso du chaos. Plus que jamais, la sécurité des civils, la restauration de l’État et la solidarité régionale doivent être placées au cœur de l’agenda africain. Le défi est immense, mais il en va de la stabilité de tout le Sahel.

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