Nigeria – Grève des chauffeurs Uber et Bolt à Lagos pour de meilleures conditions

Le 1er mai 2025, des milliers de chauffeurs affiliés aux plateformes de transport Uber et Bolt ont déclenché une grève massive dans la mégapole de Lagos, au Nigeria. Cette mobilisation, qui a paralysé une grande partie du trafic urbain, met en lumière les tensions croissantes entre les conducteurs et les géants de la mobilité numérique, autour des conditions de travail, des rémunérations et de la protection sociale.

Lagos, avec ses plus de 20 millions d’habitants, est l’une des villes les plus dynamiques et congestionnées d’Afrique. Les services de transport par application ont connu une croissance exponentielle ces dernières années, offrant une alternative flexible et accessible aux transports publics souvent défaillants. Cependant, cette expansion rapide s’est accompagnée d’une précarisation des chauffeurs, qui dénoncent un modèle économique déséquilibré.

Les revendications principales des chauffeurs portent sur plusieurs points clés : l’augmentation des tarifs minimums, la réduction des commissions prélevées par les plateformes (qui peuvent atteindre jusqu’à 25%), l’amélioration des conditions de sécurité, notamment face à la criminalité urbaine, et l’accès à une couverture sociale incluant assurance maladie et retraite.

Selon les syndicats locaux, le salaire moyen des chauffeurs est insuffisant pour couvrir les frais d’entretien des véhicules, le carburant et les charges familiales. Beaucoup cumulent plusieurs heures de travail quotidien, souvent dans des conditions difficiles, sans garantie de revenu minimum. La pression exercée par les algorithmes des plateformes, qui favorisent les chauffeurs les plus disponibles, accentue la compétition et la fatigue.

La grève a été organisée par la Fédération des chauffeurs de Lagos (FCL), qui a appelé à un dialogue urgent avec Uber et Bolt. Les leaders syndicaux ont insisté sur la nécessité d’une régulation plus stricte du secteur, afin de protéger les droits des travailleurs et d’assurer un développement durable des services de mobilité.

Les plateformes Uber et Bolt ont réagi en exprimant leur volonté de dialoguer, tout en rappelant que leur modèle repose sur la flexibilité et l’autonomie des chauffeurs. Elles ont cependant proposé des mesures ponctuelles, telles que des réductions temporaires de commissions et des programmes de formation à la sécurité, jugées insuffisantes par les syndicats.

Le gouvernement nigérian, par la voix du ministère des Transports, a appelé au calme et à la négociation. Il a également annoncé l’ouverture prochaine d’un comité de travail chargé d’examiner la réglementation des plateformes numériques, un secteur en pleine expansion mais encore peu encadré.

Cette crise met en lumière un enjeu majeur pour les économies africaines : l’équilibre entre innovation technologique et protection sociale. Alors que les plateformes numériques transforment les modes de travail, les États doivent adapter leurs cadres juridiques pour garantir des conditions décentes aux travailleurs, souvent considérés comme des indépendants sans droits sociaux.

Le cas de Lagos illustre aussi les défis urbains liés à la mobilité dans les grandes métropoles africaines. La congestion, la pollution et l’insécurité routière nécessitent des solutions intégrées, combinant transports publics, mobilité douce et services numériques responsables.

Au-delà du Nigeria, cette grève résonne avec des mouvements similaires observés dans d’autres pays africains et dans le monde, où les chauffeurs de plateformes revendiquent une meilleure reconnaissance de leur statut et de leurs droits. Elle participe à un débat global sur l’avenir du travail à l’ère du numérique.

La mobilisation du 1er mai 2025 à Lagos pourrait constituer un tournant dans la régulation des plateformes de transport en Afrique, encourageant un dialogue plus structuré entre les acteurs économiques, les travailleurs et les pouvoirs publics.

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