Nigeria – Explosion des enlèvements contre rançon, le gouvernement sous pression

Introduction

Le Nigeria, première puissance démographique et économique d’Afrique, fait face à une vague d’enlèvements sans précédent. Depuis le début de l’année 2025, le nombre de rapts contre rançon a explosé, touchant aussi bien les zones rurales que les grandes villes, les familles modestes que les expatriés. Ce phénomène, qui s’ajoute à l’insécurité persistante dans le nord-est et au banditisme dans le nord-ouest, place le gouvernement sous une pression croissante, alors que la confiance des citoyens dans l’État s’effrite.

Une criminalité en mutation

Traditionnellement associée à la région du Delta du Niger, la pratique des enlèvements s’est étendue à l’ensemble du pays. Les groupes armés, souvent issus des milices locales ou de gangs structurés, ont professionnalisé leurs méthodes : repérage, attaques coordonnées, négociations par téléphone crypté, paiement en cryptomonnaie. Les victimes sont de plus en plus souvent des écoliers, des enseignants, des commerçants ou des membres de la diaspora de retour au pays.

Selon les chiffres de l’ONG SBM Intelligence, plus de 3 000 personnes auraient été enlevées au Nigeria depuis janvier 2025, un record historique. Les rançons exigées varient de quelques centaines à plusieurs centaines de milliers de dollars, selon le profil des victimes.

Les causes profondes

La multiplication des enlèvements s’explique par plusieurs facteurs :

  • Pauvreté et chômage massif : 40 % de la population vit sous le seuil de pauvreté, et les jeunes, désœuvrés, voient dans le crime une alternative à l’exclusion sociale.
  • Faiblesse de l’État : Corruption, sous-effectifs policiers, manque de moyens logistiques et de formation rendent la lutte contre les gangs difficile.
  • Prolifération des armes : Les frontières poreuses favorisent la circulation d’armes légères, issues notamment des conflits sahéliens.
  • Impunité : Les auteurs d’enlèvements sont rarement poursuivis ou condamnés, ce qui encourage la récidive.

Les conséquences humaines et économiques

Les enlèvements ont un impact dévastateur sur la société nigériane. Les familles vivent dans la peur, les écoles ferment dans les zones à risque, la mobilité est réduite, et de nombreuses entreprises étrangères revoient leurs investissements. Le coût des rançons, estimé à plusieurs dizaines de millions de dollars par an, alimente l’économie souterraine et finance parfois d’autres activités criminelles, voire le terrorisme.

La réponse du gouvernement

Face à la pression de la société civile et de la communauté internationale, le gouvernement nigérian a annoncé de nouvelles mesures :

  • Renforcement des effectifs policiers et militaires dans les zones les plus touchées.
  • Création d’unités spéciales anti-enlèvements, dotées de moyens technologiques avancés.
  • Campagnes de sensibilisation et de coopération avec les communautés locales pour signaler les mouvements suspects.
  • Promesse de sanctions sévères contre les complices au sein de l’administration.

Cependant, ces annonces peinent à convaincre. Les ONG dénoncent le manque de coordination entre les différentes agences de sécurité, la lenteur des interventions et la corruption persistante.

Les initiatives citoyennes et internationales

Face à l’inefficacité de l’État, de nombreuses familles font appel à des négociateurs privés ou à des groupes d’autodéfense. Les entreprises étrangères investissent dans la sécurité privée, accentuant la privatisation de la sécurité. L’ONU et l’Union africaine appellent à une coopération régionale renforcée, notamment avec le Niger, le Tchad et le Cameroun, pour mieux contrôler les frontières et échanger des renseignements.

Les perspectives

La lutte contre les enlèvements au Nigeria nécessite une approche globale :

  • Investir dans l’éducation et l’emploi des jeunes pour réduire le vivier de la criminalité.
  • Réformer la police et la justice pour restaurer la confiance.
  • Impliquer les communautés locales dans la prévention et la médiation.
  • Coopérer avec les voisins pour tarir les flux d’armes et démanteler les réseaux transnationaux.

Conclusion

L’explosion des enlèvements contre rançon au Nigeria est un défi majeur pour la stabilité du pays et de la région. Seule une action coordonnée, associant répression, prévention et développement, permettra de restaurer la sécurité et la confiance dans l’État.

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