Le Nigeria, premier pays d’Afrique par sa population, fait face à une alerte sanitaire préoccupante : une recrudescence de cas de poliomyélite a été confirmée dans le nord du pays, notamment dans les États de Kano et de Borno. Bien que le pays ait été déclaré exempt de poliovirus sauvage en 2020, cette réémergence interpelle les autorités de santé et relance le débat sur la fragilité des systèmes sanitaires africains.
Un retour inattendu de la polio
Après une campagne historique d’éradication menée par l’OMS, l’UNICEF et le gouvernement nigérian, la polio était considérée comme vaincue il y a cinq ans. Mais les nouvelles contaminations, liées à une souche mutée issue des vaccins oraux (cVDPV), remettent en cause ces succès.
Selon le ministère fédéral de la Santé, plus de 80 cas suspects ont été identifiés depuis janvier 2025. Les zones touchées correspondent à des régions rurales pauvres, souvent difficiles d’accès et fragilisées par l’insécurité liée aux groupes armés.
Des causes multiples
Plusieurs facteurs expliquent cette réapparition :
- Une couverture vaccinale insuffisante, en raison de la méfiance de certaines populations à l’égard des campagnes de vaccination.
- L’insécurité persistante dans le nord-est, où Boko Haram et l’État islamique en Afrique de l’Ouest rendent le déploiement des équipes médicales extrêmement dangereux.
- La fragilité du système sanitaire, encore marqué par des décennies de sous-financement.
La réponse sanitaire du gouvernement
Abuja a lancé une campagne massive de vaccination ciblant plus de 30 millions d’enfants dans les zones à risque. L’OMS appelle à une coopération renforcée avec les pays voisins pour éviter une propagation transfrontalière. Les ONG locales demandent, elles, une meilleure sensibilisation pour vaincre les rumeurs et croyances qui freinent la vaccination.
Un enjeu d’image et de santé publique
Le cas nigérian illustre les difficultés de l’Afrique dans sa lutte contre les maladies infectieuses endémiques. Être à nouveau confronté à la polio, après une victoire déclarée, risque d’affaiblir la crédibilité sanitaire du pays sur la scène internationale.
Pour les familles, c’est surtout une angoisse supplémentaire : des milliers d’enfants risquent la paralysie si la vaccination échoue.
Une alerte pour tout le continent
La recrudescence de la polio au Nigeria constitue un signal d’alarme pour l’Afrique entière. Elle rappelle que les victoires sanitaires sont réversibles et que les crises sécuritaires fragilisent directement la santé publique. L’Afrique risque de voir ressurgir des épidémies théoriquement éradiquées si les efforts en matière de vaccination ne s’intensifient pas.