Introduction
Un an après le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum, le Niger reste enlisé dans une crise politique et diplomatique majeure. La junte militaire, au pouvoir à Niamey, doit affronter les sanctions économiques de la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest), la pression de la communauté internationale, ainsi que la défiance d’une partie de la population. Alors que la stabilité du Sahel est en jeu, le Niger cristallise les débats autour de la souveraineté africaine et des ingérences étrangères.
Les sanctions de la CEDEAO : un poids économique et social dévastateur
Depuis l’annonce des sanctions régionales, le Niger subit de lourdes conséquences : fermeture des frontières avec plusieurs voisins, suspension des transactions financières et blocage des aides internationales. L’économie nigérienne, déjà fragile, est frappée de plein fouet. L’approvisionnement en denrées alimentaires et en médicaments est sérieusement perturbé, aggravant la précarité des populations rurales et urbaines.
Plusieurs organisations humanitaires dénoncent les effets collatéraux sur les civils, qui paient un prix disproportionné pour une impasse politique dont ils sont les premières victimes.
Une junte qui se crispe face aux pressions
Les militaires au pouvoir, dirigés par le général Abdourahamane Tiani, adoptent un ton de fermeté. Ils dénoncent les sanctions de la CEDEAO comme des mesures « injustes » et « coloniales », affirmant vouloir préserver la souveraineté du Niger face à ce qu’ils appellent des « diktats étrangers ».
Cette rhétorique nationaliste trouve un certain écho dans une frange populaire, lassée des interventions extérieures régulières dans les affaires du pays.
Le rôle des puissances internationales
La confrontation dépasse le cadre ouest-africain. La France, les États-Unis et l’Union européenne plaident pour un retour rapide à l’ordre constitutionnel. Parallèlement, le Niger explore un rapprochement avec d’autres partenaires, notamment la Russie, qui renforce déjà sa présence dans plusieurs États du Sahel (Mali, Burkina Faso). Le pays devient ainsi un théâtre de rivalités géopolitiques, où se joue aussi l’avenir de la lutte contre le terrorisme dans la région.
Conclusion : entre isolement et recomposition géopolitique
Le Niger reste à la croisée des chemins. Si la junte parvient à capitaliser sur le sentiment de souveraineté nationale, elle risque aussi d’isoler davantage le pays sur la scène internationale. La question cruciale demeure : pourra-t-elle restaurer la stabilité sans provoquer un effondrement économique irrémédiable ?