Niamey, 5 juillet 2025 – Un engagement renouvelé pour la lutte contre la désertification
Le Niger vient de franchir une étape décisive dans la lutte contre la désertification et la dégradation des terres. La FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture) a annoncé un investissement exceptionnel de 17 milliards de francs CFA (environ 26 millions d’euros) pour soutenir la Grande Muraille Verte, un projet emblématique qui vise à reverdir le Sahel et à offrir de nouvelles perspectives aux populations rurales.
La Grande Muraille Verte : un projet panafricain d’envergure
Lancée en 2007, la Grande Muraille Verte est une initiative de l’Union africaine qui ambitionne de créer une bande végétale de 8 000 kilomètres de long et 15 kilomètres de large, traversant 11 pays du Sahel, du Sénégal à Djibouti. L’objectif est de restaurer 100 millions d’hectares de terres dégradées d’ici 2030, de séquestrer 250 millions de tonnes de carbone et de créer 10 millions d’emplois verts.
Au Niger, ce projet est vital : plus de 80 % du territoire est menacé par l’avancée du désert, la baisse des précipitations et la pression démographique. Les conséquences sont dramatiques : insécurité alimentaire, exode rural, conflits pour l’accès à l’eau et aux pâturages.
Un financement historique de la FAO
L’enveloppe de 17 milliards de francs CFA annoncée par la FAO permettra de financer plusieurs volets :
- Reboisement de 30 000 hectares dans les régions de Tahoua, Zinder et Maradi, avec des espèces adaptées au climat sahélien (acacias, baobabs, moringas).
- Appui à l’agroécologie : formation de 50 000 agriculteurs aux techniques de gestion durable des sols, de l’eau et des cultures.
- Création de pépinières communautaires pour produire plus de 10 millions de plants par an.
- Développement d’activités génératrices de revenus (apiculture, transformation de fruits, écotourisme) pour les femmes et les jeunes.
- Sensibilisation et implication des communautés locales dans la gestion des ressources naturelles.
Des résultats déjà visibles, mais des défis persistants
Depuis le lancement du projet, plus de 5 millions d’hectares ont été restaurés au Niger, avec une amélioration notable de la fertilité des sols, de la biodiversité et de la résilience des communautés face aux chocs climatiques. Les villages impliqués constatent une augmentation des rendements agricoles, une réduction de l’exode rural et une meilleure sécurité alimentaire.
Cependant, les défis restent immenses : manque de financements pérennes, pression des troupeaux, feux de brousse, insécurité dans certaines zones. La réussite du projet dépend de la mobilisation de tous les acteurs : État, ONG, bailleurs internationaux, mais surtout communautés locales.
Un enjeu stratégique pour la stabilité et la paix
La Grande Muraille Verte est aussi un levier de prévention des conflits : en restaurant les terres et en créant des emplois, elle réduit la compétition pour les ressources et offre des alternatives à la migration ou à l’enrôlement dans les groupes armés. Le Niger, confronté à la menace djihadiste dans sa zone sahélienne, mise sur ce projet pour renforcer la cohésion sociale et la résilience.
Perspectives et recommandations
Pour garantir le succès de l’initiative, la FAO et ses partenaires insistent sur :
- La nécessité d’impliquer les femmes et les jeunes dans la gouvernance locale.
- L’intégration des savoirs traditionnels et des innovations scientifiques.
- La coordination régionale, car la lutte contre la désertification ne connaît pas de frontières.
Conclusion
L’investissement de la FAO dans la Grande Muraille Verte au Niger est une lueur d’espoir pour des millions de personnes menacées par la désertification. C’est aussi un signal fort pour l’Afrique et le monde : face à la crise climatique, des solutions existent, à condition de mobiliser les ressources, la volonté politique et l’intelligence collective.