Mozambique : Les attaques jihadistes menacent la stabilité du nord

Introduction

Le Mozambique, pays d’Afrique australe, fait face à une menace croissante des groupes jihadistes dans sa province septentrionale de Cabo Delgado. Depuis 2017, la région est le théâtre d’attaques meurtrières, de déplacements massifs de populations et d’une crise humanitaire sans précédent. Malgré l’intervention de forces régionales et internationales, la situation reste instable, menaçant la sécurité du pays et la stabilité de toute la région.

Contexte géographique et politique

La province de Cabo Delgado, située à l’extrême nord du Mozambique, est riche en ressources naturelles, notamment en gaz naturel liquéfié (GNL). Cette richesse a attiré de nombreux investisseurs étrangers, mais elle a aussi exacerbé les tensions sociales et économiques. La population locale, majoritairement musulmane, se sent marginalisée et exclue des bénéfices de l’exploitation des ressources, ce qui a favorisé la montée du ressentiment et la radicalisation.

L’émergence des groupes jihadistes

En 2017, un groupe armé, connu sous le nom d’Al-Shabaab (sans lien avec la branche somalienne), a commencé à mener des attaques contre des villages, des postes de police et des infrastructures publiques. Le groupe, qui s’est progressivement affilié à l’État islamique en Afrique centrale (ISIS-Mozambique), revendique la création d’un califat dans la région. Les attaques se caractérisent par leur violence extrême : meurtres, enlèvements, viols et destructions massives.

La situation sécuritaire actuelle

En 2025, la situation sécuritaire reste très préoccupante. Malgré l’intervention de l’armée mozambicaine, soutenue par des troupes de la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC) et par des forces spéciales rwandaises, les attaques jihadistes se poursuivent. Les groupes armés contrôlent de vastes zones rurales, imposent leur loi et terrorisent la population. Plus de 800 000 personnes ont été déplacées, fuyant les violences et cherchant refuge dans des camps de fortune.

Les conséquences humanitaires

La crise humanitaire à Cabo Delgado est l’une des plus graves d’Afrique australe. Les déplacés vivent dans des conditions précaires, sans accès à l’eau potable, à la nourriture ou aux soins médicaux. Les organisations humanitaires, comme le Programme alimentaire mondial (PAM) et Médecins Sans Frontières (MSF), peinent à répondre aux besoins, faute de moyens et d’accès sécurisé aux zones les plus touchées. Les enfants sont particulièrement vulnérables, privés d’école et exposés à la violence.

La réponse des autorités et de la communauté internationale

Le gouvernement mozambicain, dirigé par le président Filipe Nyusi, a lancé une vaste opération militaire pour reprendre le contrôle de la région. Les forces de la SADC, dirigées par le Rwanda et l’Afrique du Sud, ont déployé des milliers de soldats pour soutenir l’armée mozambicaine. La mission s’est soldée par quelques succès, comme la reprise de la ville stratégique de Mocímboa da Praia, mais la menace jihadiste persiste, les groupes armés adoptant des tactiques de guérilla et de terreur.

La communauté internationale, notamment l’Union européenne et les États-Unis, apporte un soutien logistique et financier à la lutte contre le terrorisme. Des experts militaires et des formateurs étrangers aident à renforcer les capacités des forces de sécurité mozambicaines. Cependant, la coopération régionale reste fragile, en raison des rivalités politiques et des intérêts économiques divergents.

Les enjeux économiques

La crise sécuritaire a des conséquences majeures pour l’économie mozambicaine. Les projets d’exploitation du gaz naturel, qui devaient transformer le pays en exportateur majeur d’énergie, sont retardés ou suspendus. Les investisseurs étrangers, inquiets de l’instabilité, hésitent à s’engager, privant le Mozambique de précieuses ressources financières. Le chômage et la pauvreté augmentent, alimentant le cercle vicieux de la radicalisation et de la violence.

Les défis à relever

La résolution de la crise de Cabo Delgado passe par plusieurs défis :

  • La sécurité : comment rétablir durablement la sécurité dans la région et protéger la population ?
  • La justice sociale : comment répondre aux revendications économiques et sociales des populations locales ?
  • La réconciliation : comment reconstruire la confiance entre les communautés et prévenir la radicalisation ?
  • La coopération régionale : comment renforcer la coordination entre le Mozambique, la SADC et les partenaires internationaux ?

Les perspectives d’avenir

Malgré les difficultés, des signes d’espoir existent. Certaines communautés locales résistent à l’emprise des jihadistes, organisent des milices d’autodéfense et œuvrent à la réconciliation. Le gouvernement mozambicain, conscient de l’urgence, multiplie les initiatives pour favoriser le développement économique et social de la région, tout en renforçant la sécurité.

Conclusion

Les attaques jihadistes dans le nord du Mozambique menacent la stabilité du pays et de toute la région. La réponse militaire, bien que nécessaire, ne suffira pas à elle seule à résoudre la crise. Seule une approche globale, associant sécurité, développement et justice sociale, pourra permettre de venir à bout du terrorisme et de garantir un avenir pacifique aux populations de Cabo Delgado.

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