En 2025, le Mozambique se retrouve au cœur des enjeux stratégiques mondiaux avec la relance de la mine de graphite de Balama, l’une des plus grandes réserves de graphite naturel au monde. Ce redémarrage intervient dans un contexte de forte demande internationale, liée à l’explosion du marché des batteries pour véhicules électriques et dispositifs de stockage d’énergie. Quels sont les enjeux pour le Mozambique, pour l’Afrique et pour l’industrie mondiale ? Analyse.
Balama : un gisement stratégique pour le Mozambique
Située dans la province de Cabo Delgado, la mine de Balama est exploitée par la société Syrah Resources. Après une période de ralentissement due à l’insécurité et à la pandémie de Covid-19, la production reprend en 2025 avec des ambitions renouvelées. Le Mozambique s’affirme ainsi comme un acteur clé du marché mondial du graphite, une matière première essentielle pour la fabrication des anodes de batteries lithium-ion.
Le graphite, un minerai au cœur de la transition énergétique
La transition vers la mobilité électrique et le stockage d’énergie renouvelable a fait exploser la demande mondiale de graphite. Les constructeurs automobiles et les fabricants de batteries cherchent à sécuriser leurs approvisionnements face à la concurrence chinoise, qui domine historiquement le secteur. Le Mozambique, avec Balama, devient une alternative stratégique, notamment pour les marchés européens et américains en quête de diversification.
Enjeux économiques et retombées locales
La relance de Balama représente une opportunité majeure pour l’économie mozambicaine. Les recettes d’exportation devraient augmenter, renforçant les réserves de change du pays. La mine génère des emplois directs et indirects, stimule l’activité des PME locales et favorise le transfert de compétences techniques. Toutefois, la question de la redistribution des richesses et de la lutte contre la corruption reste centrale pour garantir un développement inclusif.
Défis sécuritaires et environnementaux
La région de Cabo Delgado est marquée par l’insécurité, avec la présence de groupes armés et des attaques sporadiques contre les infrastructures minières. La sécurité du site de Balama est donc une priorité pour les autorités et les investisseurs. Par ailleurs, l’exploitation minière soulève des préoccupations environnementales : gestion des déchets, préservation des ressources en eau, impact sur la biodiversité. Syrah Resources affirme avoir mis en place des standards internationaux de gestion environnementale, mais la vigilance des ONG demeure.
Le Mozambique, nouveau hub africain des matériaux critiques ?
Avec Balama, le Mozambique rejoint la liste des pays africains stratégiques pour les matériaux dits « critiques », indispensables à la transition énergétique mondiale (cobalt, lithium, nickel, terres rares). Cette position lui confère un poids diplomatique et économique croissant, mais l’expose aussi à des risques de dépendance vis-à-vis des fluctuations du marché mondial et des pressions géopolitiques.
Partenariats et perspectives d’avenir
Pour maximiser les retombées de la mine de Balama, le Mozambique cherche à attirer des investissements dans la transformation locale du graphite, afin de ne pas se limiter à l’exportation de matière première brute. Des partenariats avec des entreprises européennes et asiatiques sont en discussion pour développer une filière intégrée, de l’extraction à la fabrication d’anodes pour batteries.
Conclusion
La relance de la mine de Balama place le Mozambique au centre des enjeux de la transition énergétique mondiale. Le défi sera de transformer cette ressource stratégique en levier de développement durable, en conciliant impératifs économiques, sécurité, protection de l’environnement et bénéfices pour les populations locales.