Mozambique : Au moins 120 enfants enlevés par des groupes jihadistes, l’angoisse grandit dans le nord du pays

Le Mozambique est de nouveau frappé par une vague d’enlèvements d’enfants dans sa province septentrionale du Cabo Delgado, théâtre d’une insurrection jihadiste depuis 2017. Selon des sources locales et plusieurs ONG, au moins 120 enfants auraient été enlevés ces dernières semaines par des groupes armés affiliés à l’État islamique, plongeant familles et communautés dans l’angoisse.

Une région en proie à la violence

Le nord du Mozambique, riche en gaz naturel mais marqué par la pauvreté, est dévasté depuis sept ans par une insurrection qui a fait plus de 5 000 morts et déplacé près d’un million de personnes. Les groupes jihadistes, connus localement sous le nom d’Al-Shabab (sans lien direct avec le groupe somalien du même nom), multiplient les attaques contre les villages, les écoles et les infrastructures.

Les enlèvements d’enfants sont devenus une tactique courante. Les garçons sont souvent enrôlés de force comme combattants, tandis que les filles sont victimes de mariages forcés ou d’exploitation domestique et sexuelle. Selon Save the Children et Human Rights Watch, le phénomène s’est aggravé depuis le début de l’année 2025, avec une recrudescence des attaques dans les districts de Macomia, Palma et Mocímboa da Praia.

Des témoignages bouleversants

Fatima, mère de deux enfants enlevés à Macomia, témoigne : « Ils sont venus en pleine nuit, armés, et ont emmené tous les enfants du village. Nous n’avons aucune nouvelle depuis. » De nombreux parents, impuissants, se tournent vers les autorités et les ONG pour obtenir de l’aide, mais les moyens restent limités.

Les écoles, déjà fragilisées par la guerre, ferment les unes après les autres. « Nous avons dû suspendre les cours, car il n’y a plus de sécurité pour les élèves », explique un directeur d’école de Palma.

La réponse des autorités et de la communauté internationale

Le gouvernement mozambicain, soutenu par des forces du Rwanda et de la Communauté de développement de l’Afrique australe (SADC), tente de reprendre le contrôle de la région. Mais la tâche est immense : les groupes armés se déplacent rapidement et bénéficient d’un terrain difficile d’accès.

L’UNICEF et d’autres agences humanitaires appellent à un renforcement de la protection des enfants et à un soutien psychologique pour les familles touchées. « Les enfants sont les premières victimes de ce conflit », rappelle un porte-parole de l’UNICEF à Maputo. L’ONG Save the Children demande la libération immédiate des enfants et la poursuite des responsables devant la justice.

Un défi pour la paix et la reconstruction

La persistance des enlèvements menace les efforts de stabilisation et de développement dans le nord du Mozambique. De nombreux analystes estiment que la lutte contre l’insurrection ne pourra être gagnée sans une réponse globale : sécurité, aide humanitaire, réinsertion des victimes et lutte contre la pauvreté.

Le président Filipe Nyusi a récemment appelé à une mobilisation nationale et internationale : « Nous ne pouvons pas laisser nos enfants devenir les otages d’une idéologie de haine. »

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