Migrations climatiques en Afrique : vers une redéfinition des frontières et des solidarités régionales ?

Introduction :
D’ici 2050, jusqu’à 86 millions d’Africains pourraient migrer à l’intérieur du continent à cause des dérèglements climatiques (Banque mondiale, 2021). Ces mouvements, déjà visibles dans le Sahel et la Corne de l’Afrique, interrogent les notions de souveraineté et de citoyenneté.

Cartographie des déplacements climatiques

  • Sahel : Les éleveurs peuls du Burkina Faso migrent vers le Sud à cause de la désertification, entrant en conflit avec les agriculteurs sédentaires.
  • Corne de l’Afrique : La sécheresse en Somalie pousse les populations vers les villes éthiopiennes ou kényanes, déjà surpeuplées.
  • Afrique australe : Les cyclones fréquents au Mozambique provoquent des exodes vers l’Afrique du Sud, alimentant les tensions xénophobes.

Réponses institutionnelles : innovations et limites

  • Accords transfrontaliers : La CEDEAO a adopté un protocole en 2023 pour faciliter la mobilité des « réfugiés climatiques », mais sans mécanisme de financement.
  • Villes refuges : Accra et Kampala développent des quartiers résilients pour accueillir les déplacés (toits verts, systèmes de recyclage d’eau).
  • Droits fonciers : Au Niger, des tribunaux nomades arbitrent les conflits entre migrants et communautés hôtes sur l’accès à la terre.

Étude de cas : Le Lac Tchad, laboratoire des migrations climatiques

  • Désastre écologique : Le lac a perdu 90 % de sa surface depuis 1960, forçant 5 millions de personnes à se déplacer.
  • Crise sécuritaire : Les groupes armés comme Boko Haram recrutent parmi les jeunes déplacés désœuvrés.
  • Initiatives locales : Les femmes peules ont créé des coopératives agricoles pour sédentariser les migrants via l’agroécologie.

En guise de conclusion : Questions pour demain
Les migrations climatiques vont-elles rebattre les cartes géopolitiques africaines ? Faut-il imaginer un passeport climatique régional, comme le proposent certains juristes ? Et comment concilier urgence humanitaire et préservation des écosystèmes ? Ces interrogations, loin d’être théoriques, appellent à une réinvention radicale des solidarités panafricaines.

Related posts

Urbanisation : L’explosion démographique des villes africaines – Enjeux et solutions pour 2050

Sécurité : Sahel post-Barkhane – Le vide stratégique et l’émergence de nouvelles alliances

Patrimoine culturel : résister à l’érosion