La contestation autour de la candidature de Maurice Kamto à la présidentielle 2025 n’est pas un simple épisode de plus dans les chroniques électorales camerounaises. C’est le révélateur d’un malaise profond : la difficulté de l’opposition à exister pleinement dans l’espace politique national, sous l’empire d’un pouvoir réputé pour sa résilience et son contrôle des institutions clés.
Maurice Kamto, figure de l’alternance contrariée
Maître Kamto, président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC), s’est imposé depuis 2018 comme le chef de file de l’opposition. Sa posture, à la fois légaliste et combative, séduit une fraction croissante de la population urbaine et jeune, qui voit en lui le visage possible d’une alternance. Pourtant, son éviction par ELECAM, fondée sur des motifs administratifs jugés spécieux par ses partisans, réveille un vieux démon : l’exclusion de l’opposition par les moyens institutionnels et juridiques.
Une exclusion contestée, des alliés en mobilisation
La décision d’ELECAM n’a pas seulement fédéré le MRC : elle a réveillé des solidarités parmi d’autres partis d’opposition, ONG locales et diasporas. Les appels au dialogue et à la « pax democratica » se multiplient, tandis que la société civile – appuyée par des intellectuels et des religieux – insiste sur la nécessité d’ouvrir le jeu électoral pour prévenir toute escalade.
Un enjeu de pluralisme politique
Plus qu’un simple débat sur une candidature, l’affaire Kamto questionne le rapport du système camerounais à la pluralité : comment garantir que les règles du jeu ne servent pas à exclure mais à inclure, que la compétition politique ne soit ni théâtre ni simulacre ? Sur les réseaux sociaux, des campagnes de soutien réitèrent : « Le Cameroun n’est pas une monarchie. » Les chancelleries occidentales, elles aussi, appellent à « un processus équitable, transparent et ouvert à tous les acteurs ».
La pression sur le Conseil constitutionnel
Le Conseil constitutionnel devra trancher en connaissance de cause, sous le regard du peuple, des partenaires internationaux et des observateurs panafricains. Chaque argument, chaque pièce soumise, sera scrutée comme le témoin soit d’une évolution, soit d’un enfermement institutionnel. Pour le Cameroun, il s’agit d’un test grandeur nature : la route vers la maturité démocratique passe-t-elle par l’inclusion de tous, ou la persistance de la défiance ?
Vers une société civile éveillée
Face à une possible exclusion irréversible de Maurice Kamto, certains leaders d’opinion appellent à des actions citoyennes dans le cadre légal, à la construction de contre-pouvoirs médiatiques et à une réinvention des modes de contestation pacifique. L’enjeu dépasse la personne de Kamto : il engage l’avenir même de la démocratie camerounaise, entre modernisation institutionnelle et risques de sclérose autoritaire.