Maroc/Sahel : Le Maroc et l’Alliance des États du Sahel, une nouvelle dynamique régionale

Rabat, carrefour diplomatique entre Maghreb et Sahel

Le 28 avril 2025, la rencontre à Rabat entre le roi du Maroc et les ministres des Affaires étrangères du Burkina Faso, du Niger et du Mali, membres de l’Alliance des États du Sahel (AES), marque une étape clé dans la recomposition des alliances régionales. Cette proximité affichée avec le Sahel est perçue comme une réponse directe à l’Algérie, rivale historique du Maroc sur la scène maghrébine et sahélienne.

L’image du roi Mohammed VI entouré des ministres sahéliens a fait le tour des médias, symbolisant l’ambition du Maroc de jouer un rôle central dans la sécurité et le développement du continent africain. Le message est clair : « L’Afrique subsaharienne est le réservoir de croissance naturel du Maroc », selon les mots du souverain.

Un partenariat stratégique en construction

Le Maroc mise sur sa position géographique et son influence économique pour renforcer ses liens avec le Sahel. Les discussions ont porté sur la sécurité régionale, la lutte contre le terrorisme, le développement économique et la gestion des flux migratoires. Rabat propose son expertise en matière de formation, d’agriculture, d’énergies renouvelables et de finance islamique.

Pour les pays du Sahel, confrontés à l’isolement diplomatique et aux sanctions internationales, ce partenariat offre une bouffée d’oxygène et une alternative à la dépendance vis-à-vis de la France ou de la Russie. Le Maroc entend aussi faciliter l’accès des produits sahéliens à ses ports et marchés, favorisant ainsi l’intégration économique régionale.

Enjeux géopolitiques et rivalités maghrébines

L’alignement entre le Maroc et l’AES est un signal fort adressé à l’Algérie, qui soutient une autre vision de l’intégration régionale. Cette rivalité se joue aussi sur le terrain du Sahara occidental, où chaque camp cherche à rallier des soutiens africains à sa cause.

La diplomatie marocaine, pragmatique et proactive, vise à s’imposer comme un pont incontournable entre l’Afrique du Nord et l’Afrique subsaharienne, tout en consolidant sa position dans les institutions continentales. Cette dynamique pourrait redéfinir les équilibres régionaux et offrir de nouvelles perspectives pour la coopération sud-sud.

Perspectives et défis

Cette dynamique ouvre de nouvelles perspectives pour la coopération sud-sud, mais elle comporte aussi des risques : exacerbation des tensions maghrébines, instrumentalisation des crises sahéliennes, et difficulté à concilier sécurité et développement.

Le succès de ce partenariat dépendra de la capacité des acteurs à instaurer une confiance durable, à impliquer les sociétés civiles et à respecter la souveraineté des États partenaires. Il faudra également veiller à ce que les populations locales bénéficient effectivement des retombées économiques et sociales de cette coopération.

Le Maroc, en misant sur l’intégration africaine, se positionne comme un acteur clé de la diplomatie continentale, mais devra composer avec les défis sécuritaires et politiques du Sahel.

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