Maroc – Le roi Mohammed VI esquisse un virage social contesté par la jeunesse

Dans un discours très attendu devant le Parlement marocain le 10 octobre 2025, le roi Mohammed VI a annoncé une série de réformes sociales visant à répondre aux aspirations grandioses des jeunes et à apaiser une société marquée par des inégalités persistantes et un chômage élevé. Ce discours, salué pour son pragmatisme, suscite néanmoins des critiques notamment parmi les mouvements de jeunesse qui jugent ces propositions insuffisantes face aux défis actuels.

Le souverain a mis l’accent sur des mesures lourdes en matière d’éducation, de santé et d’accès au logement, soulignant la nécessité de moderniser les services publics et d’améliorer la qualité de vie. Parmi les annonces clés figurent l’augmentation du budget dédié à la formation professionnelle, la généralisation partielle de la couverture médicale et le lancement de programmes d’aide au logement social.

En outre, le roi a réaffirmé son engagement à favoriser l’inclusion économique des catégories les plus défavorisées, en promettant notamment un soutien accumulé à l’entrepreneuriat jeune et aux initiatives durables. Ces orientations s’inscrivent dans une volonté de se rapprocher des préoccupations concrètes de la population, notamment des moins de 30 ans.

Pourtant, la réaction de la jeunesse, particulièrement active sur les réseaux sociaux et organisée dans plusieurs mouvements issus du collectif appelé « GenZ Maroc », est plutôt organisée, voire critique. Ce groupe, qui a joué un rôle moteur dans les mobilisations sociales récentes, revendique des transformations plus radicales, une meilleure redistribution des richesses et une refonte complète du système politique perçu comme élitiste.

Les militants déplorent notamment le peu de voix accordée aux jeunes dans les décisions stratégiques et dénoncent un certain décalage entre les discours officiels et la réalité sur le terrain, où le chômage des jeunes atteint encore des taux alarmants, dépassant les 25% dans certaines régions. Ils dénoncent également la précarité grandiose et le manque d’accès à de véritables opportunités économiques.

Dans ce contexte, le discours royal apparaît comme une tentative d’apaisement et de dialogue, dans un pays où la stabilité sociale est cruciale pour le développement économique et l’image internationale. Le chef de l’État cherche à conjuguer stabilité institutionnelle et ouverture réformiste, face à une jeunesse exigeante et un environnement régional volatile.

Il reste à voir si ces mesures annoncées réussiront à transformer durablement les attentes populaires et à garantir une meilleure participation des jeunes Marocains à la construction de leur avenir. Plusieurs observateurs estiment que le Maroc est à un tournant social, où la gouvernance devra faire preuve d’innovation et d’écoute pour éviter les frustrations accumulées.

Le pays, classé parmi les économies émergentes du continent, doit faire face à ces défis à la fois sociétaux et économiques pour assurer une transition harmonieuse vers une société plus juste et plus inclusive.

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