Manifestations à Beni pour réclamer sécurité face aux attaques rebelles

Une population en souffrance réclame une protection accrue

Dans la ville de Beni, située au cœur de la province du Nord-Kivu dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), la population exprime depuis plusieurs jours une colère palpable et une inquiétude grandissante face à la multiplication des attaques meurtrières perpétrées par les Forces démocratiques alliées (ADF). Ces rebelles, affiliés à l’État islamique, continuent de semer la terreur dans la région, laissant derrière eux un sillage de morts, de destructions et de désertions.

En août 2025, les habitants de Beni ont organisé plusieurs manifestations dans les rues pour interpeller les autorités et dénoncer ce qu’ils perçoivent comme une absence d’action efficace. Sous un soleil accablant, des femmes, jeunes et anciens brandissaient des drapeaux congolais et des pancartes portant des messages forts tels que : « Beni saigne mais le gouvernement nous regarde ». Ces slogans reflètent la frustration d’une population confrontée à l’insécurité quotidienne mais aussi à ce qu’elle considère comme un silence incompréhensible du pouvoir central.

Un bilan tragique aggravé ces dernières semaines

Le contexte sécuritaire dans la région est particulièrement alarmant. Selon la Mission des Nations unies pour la stabilisation en RDC (Monusco), plus de 50 civils ont été tués dans diverses attaques des ADF entre le 9 et le 16 août 2025, notamment dans les territoires de Beni et Lubero. Parmi les victimes, figurent plusieurs femmes et enfants, ce qui souligne la violence aveugle de ces assauts.

La situation s’est dramatiquement aggravée avec des pillages, des incendies de maisons, et des enlèvements, plongeant ces populations déjà vulnérables dans une crise humanitaire sévère. En plus des morts, les pillages et destructions de biens compromettent durablement la stabilité sociale et économique.

La réponse des autorités : insuffisante et contestée

Face à cette situation, la population accuse les forces de sécurité nationales de manquer à leur devoir de protection. Tandis que le gouvernement affirme mener des opérations conjointes avec l’armée ougandaise pour contrer les ADF, sur le terrain, les habitants se plaignent d’un sentiment d’abandon.

Lors des manifestations, les forces de l’ordre ont parfois réprimé les rassemblements, interdisant les cortèges et procédant à des arrestations, aggravant ainsi la tension entre la population civile et les autorités locales.

Enjeux régionaux et géopolitiques

Le conflit à Beni ne se limite pas à une question locale : il s’inscrit dans un contexte géopolitique plus vaste impliquant l’instabilité au Sahel et l’expansion des réseaux djihadistes en Afrique centrale. La présence des ADF, qui ont prêté allégeance à l’État islamique, inquiète particulièrement la communauté internationale.

Les opérations militaires conjointes entre la RDC et l’Ouganda, soutenues officiellement par la Monusco, peinent à endiguer cette violence malgré un renforcement militaire récent. Le nouvel apprentissage des tactiques asymétriques par les ADF complique la lutte.

Perspectives et appels à la communauté internationale

Les habitants de Beni et les observateurs appellent à une action internationale renforcée pour protéger les civils et trouver une solution durable à cette crise. Des voix s’élèvent pour demander un soutien humanitaire accru et une coopération plus étroite entre les nations affectées.

Par ailleurs, la stabilisation de Beni est considérée comme un enjeu clé pour la paix dans toute la région des Grands Lacs, condition indispensable à la reconstruction et au développement futur.

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