Le 7 mai 2025, le président de la Transition malienne, Assimi Goïta, a signé un décret suspendant « jusqu’à nouvel ordre » les activités des partis politiques sur l’ensemble du territoire national. Cette mesure radicale intervient dans un contexte de contestation sociale et politique intense, marquée par une montée des tensions entre la Transition et les forces politiques traditionnelles. Cette suspension sine die des partis vise officiellement à préserver l’ordre public, mais elle soulève de nombreuses interrogations sur l’avenir démocratique du Mali.
Depuis le coup d’État de mai 2021, le Mali est gouverné par une Transition militaire qui peine à organiser des élections démocratiques dans les délais annoncés. La situation sécuritaire reste précaire, notamment dans le centre et le nord du pays, où les groupes armés jihadistes continuent de sévir. Parallèlement, la contestation populaire s’amplifie, portée par des partis politiques, la société civile et des mouvements citoyens qui réclament un retour rapide à un régime civil.
La décision de suspendre les activités des partis politiques est présentée par les autorités comme une mesure temporaire nécessaire pour éviter l’escalade des violences et garantir la stabilité. Toutefois, cette suspension prive les acteurs politiques de leur droit fondamental à s’organiser, à s’exprimer et à préparer les futures échéances électorales.
Cette mesure a été vivement critiquée par les organisations internationales, notamment l’Union africaine, la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et les Nations unies, qui appellent à un dialogue inclusif et au respect des droits politiques. Plusieurs pays partenaires du Mali ont également exprimé leur inquiétude quant à la dérive autoritaire que pourrait engendrer cette décision.
Sur le plan interne, cette suspension risque d’exacerber les divisions politiques et d’alimenter la défiance envers les autorités de la Transition. De nombreux partis ont dénoncé une atteinte grave à la démocratie et ont appelé à la mobilisation pacifique pour exiger la levée de cette interdiction.
Par ailleurs, la suspension des partis s’inscrit dans un contexte où le gouvernement malien renforce son contrôle sur les médias et les organisations de la société civile, ce qui limite davantage l’espace démocratique. Cette situation inquiète les défenseurs des droits humains et les observateurs internationaux, qui redoutent un isolement accru du Mali sur la scène régionale et mondiale.
Malgré ces tensions, la Transition affirme sa volonté de conduire un processus de réformes politiques et institutionnelles avant l’organisation d’élections. Elle met en avant la nécessité de reconstruire un État affaibli par des années de crise et d’instabilité.
En conclusion, la suspension sine die des activités des partis politiques au Mali marque un tournant préoccupant pour la démocratie dans ce pays. La réussite de la Transition dépendra largement de sa capacité à rétablir un dialogue ouvert avec tous les acteurs politiques et sociaux, à garantir les libertés fondamentales et à préparer des élections crédibles dans les meilleurs délais.