Introduction
En mai 2025, le Mali officialise de nouveaux accords militaires avec la Russie, confirmant un rapprochement stratégique amorcé depuis 2021. Ce partenariat, qui suscite l’inquiétude de plusieurs chancelleries occidentales et africaines, s’inscrit dans un contexte de lutte contre l’insécurité, de retrait progressif des forces françaises et onusiennes, et de recherche de nouvelles solutions pour restaurer l’autorité de l’État. Quels sont les enjeux, les bénéfices et les risques de cette coopération renforcée ?
Un partenariat militaire en expansion
Les nouveaux accords de mai 2025
Le gouvernement malien a signé avec Moscou une série d’accords portant sur la fourniture d’équipements militaires (drones, blindés, systèmes de surveillance), la formation des forces armées maliennes et le déploiement de conseillers et instructeurs russes. Ces accords prévoient également un appui logistique et un partage de renseignements dans la lutte contre le terrorisme.
La présence du groupe Wagner
Depuis 2021, la présence de mercenaires du groupe Wagner au Mali est documentée, bien que Bamako et Moscou parlent officiellement de « formateurs » et de « conseillers ». Leur rôle opérationnel dans la lutte contre les groupes armés djihadistes est reconnu, mais il soulève des questions sur le respect des droits humains et la souveraineté nationale.
Les motivations du Mali
Recherche de solutions alternatives
Face à la dégradation sécuritaire, au retrait de la force Barkhane et à la fin du mandat de la MINUSMA, le Mali cherche de nouveaux partenaires capables de fournir un soutien rapide et sans conditionnalités politiques. La Russie, par son approche pragmatique et son offre d’armement, apparaît comme un allié de circonstance.
Affirmation de la souveraineté
Le gouvernement de transition met en avant la nécessité de diversifier ses partenariats et de rompre avec la dépendance vis-à-vis des anciennes puissances coloniales. La coopération avec la Russie est présentée comme un acte de souveraineté et de rééquilibrage diplomatique.
Les enjeux régionaux et internationaux
Inquiétudes des voisins et des partenaires occidentaux
La montée en puissance de la Russie au Mali inquiète les pays voisins (Côte d’Ivoire, Niger, Burkina Faso) qui redoutent une régionalisation du modèle malien. Les États-Unis, la France et l’Union européenne ont exprimé leurs préoccupations quant à l’influence croissante de Moscou en Afrique de l’Ouest et aux risques de déstabilisation régionale.
Impacts sur la lutte contre le terrorisme
Si la coopération russo-malienne a permis certains succès tactiques, les attaques djihadistes persistent dans le centre et le nord du pays. Les ONG et organisations internationales dénoncent des violations des droits humains et appellent à une plus grande transparence dans les opérations conjointes.
Les risques et controverses
Dépendance et isolement
Le Mali risque de devenir dépendant de l’appui russe, au détriment d’une coopération multilatérale plus équilibrée. L’isolement diplomatique pourrait aussi limiter l’accès à l’aide internationale et aux financements nécessaires à la reconstruction.
Défis de la gouvernance et des droits humains
La présence de mercenaires et l’opacité des accords soulèvent des inquiétudes sur la gouvernance du secteur de la sécurité et le respect des droits fondamentaux. Les autorités maliennes sont appelées à garantir la transparence et la redevabilité dans la gestion de la coopération militaire.
Conclusion
Le renforcement de la coopération sécuritaire entre le Mali et la Russie marque une nouvelle étape dans la recomposition des alliances en Afrique de l’Ouest. Si ce partenariat répond à des besoins immédiats, il comporte des risques à long terme pour la souveraineté, la stabilité régionale et la protection des droits humains. Le défi pour Bamako sera de trouver un équilibre entre efficacité sécuritaire et respect des principes démocratiques.