Mali : Plus de 30 soldats tués dans le centre, l’armée peut-elle contenir la menace djihadiste ?

Introduction

Le Mali, déjà endeuillé par l’attaque meurtrière de Tombouctou, a connu un nouveau drame le 2 juin 2025 : plus de 30 soldats ont été tués lors d’une embuscade attribuée à des groupes djihadistes dans la région de Mopti, au centre du pays. Ce nouvel épisode sanglant met en lumière la persistance de l’insécurité et interroge la capacité de l’armée malienne à faire face à une menace qui ne cesse de s’étendre.

Les faits : une embuscade meurtrière

Selon des sources militaires, le convoi de l’armée malienne a été pris pour cible alors qu’il patrouillait sur l’axe Boni-Douentza, une zone réputée dangereuse. Les assaillants, lourdement armés, ont tendu une embuscade à l’aide d’engins explosifs improvisés (IED) avant d’ouvrir le feu sur les soldats. Le bilan est lourd : 33 morts et une dizaine de blessés, certains dans un état critique. Les survivants évoquent une attaque d’une violence inouïe, menée par des combattants parfaitement organisés.

Un centre du Mali sous tension

La région de Mopti est devenue, ces dernières années, l’épicentre de la violence djihadiste au Mali. Les groupes affiliés à Al-Qaïda (JNIM) et à l’État islamique (EIGS) y mènent des attaques régulières contre l’armée, les forces de sécurité et les civils. Les rivalités communautaires, la pauvreté et l’absence de l’État favorisent l’implantation de ces groupes, qui exploitent le ressentiment local pour recruter et s’imposer.

L’armée malienne à l’épreuve

Depuis le retrait progressif des forces françaises et de la MINUSMA, l’armée malienne se retrouve seule face à la menace. Malgré des efforts de modernisation et l’acquisition de nouveaux équipements, elle reste confrontée à de graves problèmes : manque de formation, faiblesse du renseignement, corruption et démotivation des troupes. Les pertes humaines, de plus en plus lourdes, sapent le moral des soldats et inquiètent la population.

Les limites de la riposte militaire

En réaction à l’attaque, l’état-major a lancé une vaste opération de ratissage, appuyée par des frappes aériennes. Mais ces ripostes, souvent ponctuelles, peinent à enrayer la dynamique djihadiste. Les groupes armés, mobiles et bien informés, se replient dans les zones difficiles d’accès ou franchissent les frontières pour échapper à la traque. Les experts s’accordent à dire que la solution ne peut être uniquement militaire.

Les conséquences pour les civils

La population du centre du Mali paie un lourd tribut à cette insécurité chronique. Déplacements massifs, écoles fermées, marchés désertés : la vie quotidienne est bouleversée. Les ONG alertent sur une crise humanitaire majeure, avec des milliers de déplacés et un accès aux soins de plus en plus difficile. La peur des représailles, tant des djihadistes que de l’armée, alimente la méfiance et la fragmentation sociale.

Quelles alternatives pour la paix ?

Face à l’impasse sécuritaire, de plus en plus de voix appellent à une approche globale : dialogue avec certaines factions, réconciliation communautaire, développement économique et renforcement de l’État de droit. Le gouvernement malien, sous pression, tente de relancer les discussions avec les groupes armés et de renforcer la coopération régionale, mais les résultats tardent à se concrétiser.

Conclusion

L’attaque meurtrière contre l’armée malienne dans le centre du pays rappelle l’urgence d’une stratégie renouvelée face à la menace djihadiste. Plus que jamais, la stabilité du Mali dépendra de la capacité des autorités à combiner réponse sécuritaire, dialogue politique et développement local. L’avenir du pays, et de la région, est suspendu à cette équation complexe.

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