Mali – Le JNIM mène un « jihad économique » à Kayes, nouvelle menace sécuritaire selon le Timbuktu Institute

A soldier of the Malian army is seen during a patrol on the road between Mopti and Djenne, in central Mali, on February 28, 2020. - A week earlier Mali's Prime Minister announced the dismantling of the security checkpoints organized by the traditional militia hunters Dan Na Ambassagou from Dogon country. (Photo by MICHELE CATTANI / AFP)

Le groupe jihadiste JNIM intensifie une nouvelle forme de lutte dans la région de Kayes au Mali : un « jihad économique » visant à déstabiliser l’économie locale et asphyxier les infrastructures clés. Selon un rapport du Timbuktu Institute publié en septembre 2025, cette stratégie représente un tournant dans les modes d’action terroristes au Sahel.

Contexte

Depuis plusieurs années, le Mali fait face à une insécurité grandissante alimentée par la présence de groupes jihadistes comme le JNIM (Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans), affilié à al-Qaïda. Alors que Kayes, située à l’ouest du pays à la frontière avec le Sénégal, était relativement épargnée, la situation bascule désormais vers un contrôle accru de la zone par ces groupes armés.

Le Timbuktu Institute souligne une stratégie renouvelée : au-delà des attaques militaires classiques, le JNIM adopte des tactiques de guerre économique, ciblant aujourd’hui les corridors commerciaux, les infrastructures industrielles et agricoles, affaiblissant ainsi la gouvernance et le tissu économique local.

Développement

Les attaques dans la région de Kayes consistent notamment en des blocus des routes stratégiques, le pillage et le vol de bétail, la destruction de champs agricoles et d’infrastructures énergétiques. Ces opérations paralysent le commerce local et national, accentuent la précarité et réduisent l’approvisionnement des populations.

En août 2025, plusieurs sites industriels majeurs ont été incendiés ou pillés, notamment une usine sucrière de Ségou et des entrepôts logistiques sur les principaux corridors économiques reliant Bamako à Dakar et Abidjan. Cette action coordonnée créée un climat d’insécurité économique inédit.

Le JNIM impose aussi des taxes illégales aux commerçants, assurant un contrôle financier et obéissance politique sur les populations. Ce « jihad économique » vise à saper la capacité de l’État à assurer services et sécurité.

Conséquences et enjeux

Cette nouvelle phase d’offensive déstabilise profondément la région de Kayes, peu préparée à ce type de guerre économique. Les conséquences sont multiples : accroissement de la pauvreté, exode rural, fermeture d’entreprises, montée des tensions sociales et fragilisation politique.

Au niveau national, le gouvernement malien se trouve mis sous pression pour renforcer sa présence dans ces régions périphériques. Sur le plan international, cette stratégie complexifie les opérations antiterroristes régionales dans le cadre de la lutte conjointe menée avec la France (opération Barkhane) et les partenaires du G5 Sahel.

Perspectives et solutions

Face à cette menace, il est essentiel d’adopter une approche globale. Renforcer la sécurité militaire reste indispensable, mais ne suffira pas. Un soutien au développement économique local, une amélioration des services publics et une inclusion sociale renforcées sont indispensables pour contrer l’emprise du terrorisme.

Les experts recommandent un dialogue accru entre acteurs locaux, nationaux et internationaux afin de structurer un plan d’action à long terme intégrant prévention, développement et sécurisation.

Conclusion

Le « jihad économique » mené à Kayes illustre l’évolution des tactiques terroristes au Sahel, rendant la crise sécuritaire plus complexe et multidimensionnelle. La vigilance et la coopération restent les clés pour préserver la stabilité et la résilience de cette région cruciale.

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