Introduction
Depuis début septembre 2025, le Mali fait face à une nouvelle menace sécuritaire et économique majeure : le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (JNIM), affilié à Al-Qaïda, a instauré un blocus sur plusieurs axes stratégiques, notamment autour des villes de Kayes et Nioro du Sahel, dans l’Ouest du pays. Cette manœuvre complexe vise à isoler la capitale Bamako en limitant drastiquement l’approvisionnement en biens essentiels, générant ainsi une crise qui menace la stabilité économique et sociale du Mali.
Le blocus : stratégie et objectives du JNIM
Le « jihad économique » comme stratégie de guerre vers Bamako
Le JNIM a déplacé son champ de bataille du combat armé direct vers la guerre économique. En multipliant les attaques contre les transports de marchandises, spécialement le long des corridors reliant Dakar à Bamako, notamment la RN1, ce groupe armé cherche à étouffer la capitale malienne. Près de 80% des importations terrestres, y compris carburant et céréales indispensables, transitent par cette voie stratégique. En instaurant des barrages, en incendiant camions et enlevant des chauffeurs, le JNIM perturbe les chaînes logistiques, affaiblissant l’économie et le moral des populations.
Cible clé : régions de Kayes et Nioro du Sahel
Les villes de Kayes et Nioro, situées à la frontière avec le Sénégal et la Mauritanie, sont des points névralgiques. Elles composent le poumon économique de l’Ouest malien, à travers lesquelles transitent les flux commerciaux cruciaux. La prise de contrôle implicite exercée par le JNIM sur ces territoires donne au groupe une influence territoriale et politique accrue, contribuant à délégitimer l’autorité du gouvernement de transition à Bamako.
Conséquences économiques et sociales
Pression sur les populations et l’économie locale
Le blocus affecte directement la vie quotidienne des populations en occasionnant une raréfaction des produits de première nécessité et une hausse inflationniste des prix. Les habitants de ces régions et de Bamako subissent un accès limité aux denrées alimentaires, carburants et médicaments. Les commerces connaissent des interruptions et les prix flambent, aggravant la pauvreté et la précarité.
Impact sur la sécurité et la gouvernance
Parallèlement à la crise économique, le JNIM cherche par ce blocus à affaiblir le gouvernement malien. L’incapacité à sécuriser ces axes vitales fragilise la crédibilité des autorités et alimente un sentiment d’insécurité croissant, générant mécontentement et tensions sociales. Ce climat instable complique les efforts de transition politique dans le pays, retardant l’organisation d’élections et de réformes.
Réponses militaires et humanitaires
Face à ce défi, les Forces armées maliennes ont intensifié leurs opérations dans la zone, réalisant des frappes ciblées contre des positions jihadistes. Cependant, la nature dispersée des attaques et le soutien logistique local rendent difficile une victoire rapide. Par ailleurs, les acteurs humanitaires travaillent à assurer l’acheminement des secours, malgré les risques sécuritaires.
Perspectives et solutions
Nécessité d’une approche intégrée
Pour sortir de cette crise, il est impératif d’adopter une stratégie combinant efforts sécuritaires, actions économiques et dialogue politique. La sécurisation des axes commerciaux, l’amélioration des infrastructures et l’appui aux populations vulnérables sont essentiels pour restaurer la confiance. La coopération régionale, notamment avec le Sénégal et la Mauritanie, est également cruciale pour lutter contre les réseaux jihadistes transfrontaliers.
Vers une stabilisation durable ?
Ce blocus économique témoigne d’une évolution des tactiques jihadistes et soumet la gouvernance malienne à un test ultime. La réussite de la transition démocratique dépendra largement de la capacité du pays à restaurer sa souveraineté territoriale, garantir la continuité économique et renforcer la cohésion sociale.