La rougeole, maladie virale hautement contagieuse, refait surface au Mali depuis plusieurs mois, poussant le gouvernement à déclencher une campagne exceptionnelle de vaccination le 19 juillet 2025, principalement ciblée sur les zones rurales les plus reculées où l’accès aux soins reste limité.
Bilan alarmant et contexte sanitaire
Le rapport du ministère malien de la Santé fait état de plus de 12 000 cas suspects et au moins 47 décès depuis janvier, majoritairement chez des enfants de moins de cinq ans. Les régions de Ségou, Mopti, et Kayes enregistrent les plus forts taux de contamination. Plusieurs facteurs aggravent la situation : déplacements massifs de populations fuyant l’insécurité, faiblesse de la couverture vaccinale, difficultés logistiques liées à l’insuffisance des routes et des centres de santé.
La crainte d’une crise sanitaire majeure a poussé à une collaboration rapide avec l’OMS, l’UNICEF et la Croix-Rouge locale afin de renforcer la campagne de vaccination et la surveillance épidémiologique.
Déploiement de la campagne et logistique innovante
Pour relever le défi, plus de 800 équipes mobiles, formées principalement de soignants communautaires, sillonnent les villages à moto, avec le soutien de la gendarmerie pour franchir les zones à risque. L’objectif : vacciner au moins 2 millions d’enfants en six semaines.
Des vaccinations de masse s’organisent dans les écoles, centres religieux et marchés, grandes halles servant d’espaces temporaires. La campagne s’appuie également sur un système d’enregistrement numérique pour suivre les avancées en temps réel, grâce à des tablettes solaires distribuées dans les localités isolées – une première au Mali.
Résultats encourageants et défis persistants
Après six jours de mobilisation, plus de 250 000 enfants ont déjà été vaccinés. Les autorités sanitaires notent une nette progression, mais signalent la persistance de « poches de résistance » dues à la désinformation et aux réticences culturelles. Des relais communautaires font la tournée des chefs de village et des leaders religieux pour expliquer les bénéfices de la vaccination.
Cette initiative est saluée par les agences internationales qui voient dans ce dispositif un modèle reproductible pour d’autres pathologies endémiques. Cependant, la pérennisation des acquis dépendra de la capacité de l’État à former durablement les personnels de santé, à maintenir un financement régulier et à renforcer les infrastructures rurales de soins.
Une priorité nationale pour le Mali
Pour le gouvernement, cette campagne symbolise la volonté d’ancrer la santé publique comme pilier de la résilience nationale, alors que le pays fait face à de multiples défis sécuritaires et sociaux. À Bamako comme à Ségou, nombre de familles retrouvent espoir devant l’engagement des soignants, témoignant d’une solidarité renouvelée dans le combat contre la rougeole et les maladies évitables.