Madagascar vit un moment historique chargé de symboles forts avec le retour imminent de trois crânes sakalava, dont celui présumé du roi Toera, dernier souverain décapité du royaume Sakalava du Menabe en 1897. Conservés depuis plus d’un siècle au Musée de l’Homme à Paris, ces restes humains font l’objet d’une restitution que les autorités malgaches ont considérée comme un acte de réparation culturelle et un pas vers une réconciliation nationale.
Cette restitution, prévue pour août 2025, est le résultat d’un long processus diplomatique et scientifique marqué par la coopération entre chercheurs français et malgaches mais aussi par un dialogue sensible avec la famille royale sakalava. Le gouvernement malgache, sous la présidence d’Andry Rajoelina, s’est fortement impliqué, faisant de ce geste un symbole fort de souveraineté et de renouveau identitaire.
Outre son importance scientifique, le retour des crânes s’inscrit dans la tradition rituelle des Sakalava qui entretiennent un lien spirituel profond avec leurs ancêtres. La cérémonie nationale prévue en présence du chef de l’État et des autorités traditionnelles sera suivie d’un périple jusqu’à l’ancienne capitale du royaume Sakalava, à Ambiky, site de l’enterrement royal.
Cette restitution s’inscrit également dans un débat global sur la restitution des biens culturels pillés durant la colonisation, rejoignant d’autres initiatives allant du retour des têtes maories néo-zélandaises aux objets du Bénin et du Sénégal. La France, ayant adopté fin 2023 une loi facilitant ces restitutions, applique ici pour la première fois ce nouveau cadre légal.
Le retour des crânes renouvelle le dialogue entre mémoire historique, identité culturelle et justice postcoloniale. Il témoigne des efforts pour réconcilier le passé douloureux et bâtir une relation plus respectueuse entre les anciennes puissances coloniales et les nations africaines.