Madagascar – Le général Rakotoarivelo cède aux mutins, compromis dans l’armée

Madagascar traverse une crise politique majeure, déclenchée fin septembre 2025, qui a pris une nouvelle tournure ce week-end avec des développements militaires spectaculaires. Le président Andry Rajoelina a déclaré une tentative de prise illégale du pouvoir, alors qu’un important contingent de soldats mutins a déclaré prendre le contrôle de l’armée malgache. L’unité contestataire, appelée Corps d’armée des personnels et des services administratifs et techniques (CAPSAT), a rejoint les manifestants antigouvernementaux dans la capitale Antananarivo et a appelé ses collègues militaires à refuser de tirer sur la population.

Le CAPSAT a également exigé la nomination d’un nouveau chef d’état-major de l’armée, poste auquel le ministre des Armées a finalement consenti en nommant le général de division Démosthène Pikulas, chiffre demandé par les mutins. Cette décision s’inscrit dans un compromis fragile visant à calmer les esprits et éviter une escalade conflictuelle dans un pays miné par une contestation populaire massive.

Les manifestations, initiées par le mouvement populaire « Madagascar Gen Z », ont trouvé un relais militaire inattendu, ce qui complexifie davantage la situation sur le terrain. Ces protestations dénoncent principalement les coupures récurrentes d’eau et d’électricité, la mauvaise gestion des services publics et réclament des réformes démocratiques profondes, ainsi que la démission du président Rajoelina. L’alliance entre un parti de la jeunesse et des militaires rebelles remet en question la solidité du pouvoir en place.

Le président Rajoelina, bien que condamnant la mutinerie, semble contraint de composer avec les forces armées sur le terrain. Ses déclarations insistantes sur le respect de l’ordre constitutionnel et le refus des coups d’État classiques contrastent avec la réalité d’un équilibre instable où les dirigeants doivent négocier avec des forces décentralisées.

Ce week-end, l’armée malgache a connu une division majeure, avec des soldats appelant à la désobéissance et demandant aux forces loyalistes de se joindre au mouvement populaire. Les appels à l’unité entre policiers, gendarmes et militaires se multiplient face aux risques d’une guerre civile. Le climat reste tendu alors que les revendications continuent de s’intensifier dans toute l’île.

Cette crise démontre la fragilité des institutions malgaches et souligne les défis de la gouvernance dans un pays soumis à des pressions sociales et économiques fortes. Au cœur des inquiétudes, l’armée, traditionnellement garante de la stabilité, apparaît aujourd’hui comme un acteur clé de la dynamique politique, capable de faire basculer le pays.

Madagascar, pays à l’histoire mouvementée, est confronté à un moment critique où le dialogue sincère et inclusif devient plus que jamais nécessaire pour éviter une déflagration majeure. La communauté internationale suit de près la situation, appelant au respect des droits humains et à la restauration d’une paix durable dans la Grande Île.


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