Lutte contre la crise des océans, l’Afrique s’engage

Face à la dégradation alarmante des écosystèmes marins, l’Afrique intensifie ses efforts pour préserver ses océans, ressources vitales pour l’économie bleue du continent. Lors du Sommet africain des océans qui s’est tenu à Cape Town du 25 au 30 avril 2025, les représentants de 38 pays africains ont adopté une déclaration commune établissant un cadre ambitieux pour la protection marine et la gestion durable des ressources océaniques.

L’économie bleue africaine, un potentiel immense mais menacé

Les océans qui bordent l’Afrique représentent un capital naturel estimé à plus de 24 000 milliards de dollars. La pêche, le tourisme côtier, le transport maritime et l’exploitation des ressources énergétiques offshore constituent des piliers essentiels de nombreuses économies africaines, générant des millions d’emplois et contribuant significativement aux PIB nationaux.

Cependant, ce potentiel est gravement menacé par la surpêche, la pollution plastique, l’acidification des océans et la destruction des habitats côtiers. Selon les dernières études scientifiques, plus de 35% des stocks de poissons dans les eaux africaines sont surexploités, tandis que la pollution plastique a augmenté de 40% au cours de la dernière décennie. Les écosystèmes critiques, tels que les mangroves, les récifs coralliens et les herbiers marins, se dégradent à un rythme alarmant, compromettant la sécurité alimentaire et les moyens de subsistance de millions d’Africains.

Des initiatives panafricaines pour des océans durables

La déclaration de Cape Town marque un tournant dans l’approche africaine de la gouvernance des océans. Les États signataires se sont engagés à créer un réseau d’aires marines protégées couvrant au moins 30% de leurs zones économiques exclusives d’ici 2030, conformément aux objectifs internationaux de conservation. Cette ambition s’accompagne de mesures concrètes pour lutter contre la pêche illégale, non déclarée et non réglementée (INN), qui coûte au continent plus de 2,3 milliards de dollars par an.

Le Fonds bleu pour l’Afrique, doté initialement de 350 millions de dollars, a été officiellement lancé lors du sommet. Ce mécanisme financier innovant soutiendra des projets de conservation marine, de recherche scientifique et de développement d’industries océaniques durables. Les partenaires internationaux, dont la Banque mondiale et l’Union européenne, ont promis des contributions substantielles pour renforcer ce fonds.

Technologies et innovations au service des océans

La technologie joue un rôle croissant dans la surveillance et la protection des océans africains. Plusieurs pays, dont le Kenya, le Sénégal et l’Afrique du Sud, déploient des systèmes de surveillance par satellite pour détecter les navires de pêche illégale. Des drones sous-marins et des capteurs intelligents sont utilisés pour collecter des données océanographiques et surveiller la santé des écosystèmes marins.

L’innovation s’étend également à la lutte contre la pollution plastique. Des startups africaines développent des alternatives biodégradables aux plastiques à usage unique et créent des chaînes de valeur pour recycler les déchets marins en produits commercialisables. Ces initiatives, soutenues par des incubateurs spécialisés dans l’économie bleue, génèrent des emplois verts tout en contribuant à la préservation des océans.

Communautés côtières : acteurs clés de la conservation marine

La gestion communautaire des ressources marines émerge comme un modèle prometteur pour concilier conservation et développement. Au Mozambique, à Madagascar et en Tanzanie, des aires marines gérées localement ont permis de restaurer des stocks de poissons tout en améliorant les revenus des pêcheurs artisanaux. Ces approches participatives, qui intègrent les savoirs traditionnels et les pratiques scientifiques, renforcent la résilience des communautés côtières face aux changements environnementaux et économiques.

La formation et le renforcement des capacités des communautés côtières constituent une priorité pour les gouvernements africains et leurs partenaires. Des programmes de formation professionnelle dans les métiers de l’économie bleue sont déployés dans plusieurs pays, offrant aux jeunes des perspectives d’emploi dans des secteurs durables tels que l’aquaculture, l’écotourisme et les énergies marines renouvelables.

L’engagement de l’Afrique pour des océans sains et productifs s’inscrit dans une vision à long terme du développement continental. En préservant son capital océanique, l’Afrique investit dans sa sécurité alimentaire, sa prospérité économique et sa résilience face au changement climatique.

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