Depuis plusieurs années, l’Éthiopie est au centre d’un des dossiers géopolitiques les plus sensibles en Afrique : la construction et la gestion du Grand barrage de la Renaissance (GERD), un projet hydraulique majeur situé sur le Nil Bleu. En 2025, les négociations entre l’Éthiopie et ses voisins, notamment l’Égypte et le Soudan, restent complexes, oscillant entre coopération et tensions, avec d’importantes implications pour la sécurité régionale, le développement économique et la gestion des ressources naturelles.
Le GERD vise à produire une énergie hydraulique d’environ 6000 MW, ce qui transformerait l’Éthiopie en un exportateur d’électricité majeur en Afrique de l’Est. Pour Addis-Abeba, ce projet est un symbole d’indépendance énergétique et un levier pour accélérer le développement industriel et social du pays.
Cependant, l’Égypte et le Soudan expriment des inquiétudes majeures quant à la gestion de l’eau, essentielles pour leurs bassins agricoles et pour la population. Ces pays demandent des garanties transparentes sur les modalités de remplissage du réservoir et sur la capacité à assurer un débit minimal en aval, notamment en période de sécheresse.
Les négociations récentes, facilitées par des médiations internationales (Union africaine, ONU), ont abouti à des avancées par la mise en place d’observateurs indépendants et de mécanismes de suivi mutuel. Toutefois, les divergences stratégiques restent vives, avec un risque de tensions diplomatiques permanentes pouvant se transformer en conflit.
Parallèlement, le GERD soulève des questions environnementales relatives à la biodiversité et aux écosystèmes fluviaux, ainsi que des débats sur la compensation des populations locales affectées.
Des experts internationaux appellent à une approche intégrée, conciliante de développement durable, de gestion partagée des ressources et de paix régionale, tandis que les gouvernements concernés cherchent à concilier la souveraineté nationale et la coopération transnationale.
Le Grand barrage de la Renaissance illustre ainsi les défis contemporains des grandes infrastructures en Afrique : entre souveraineté, interdépendance et besoins vitaux, la nécessité d’accords solides et équitables est plus cruciale que jamais.