Introduction :
Avec 85 % des emplois africains relevant du secteur informel, cette économie parallèle est un paradoxe : elle absorbe les exclus des systèmes formels tout en perpétuant des inégalités structurelles. Son rôle dans l’atteinte des ODD d’ici 2030 divise experts et décideurs politiques.
Le secteur informel et les ODD : contradictions et synergies
- ODD 8 (Travail décent) : Les vendeurs ambulants ou artisans informels échappent aux protections sociales, mais créent des emplois là où l’État est absent.
- ODD 5 (Égalité de genre) : Les femmes dominent le petit commerce informel, mais subissent des discriminations (accès limité au crédit, harcèlement).
- ODD 12 (Consommation responsable) : Le recyclage informel des déchets électroniques à Accra ou Lagos réduit la pollution, mais expose les travailleurs à des risques sanitaires.
Étude de cas : Les kayayei du Ghana
Ces porteuses de marchandises, issues des régions pauvres du Nord, illustrent les ambiguïtés du secteur informel :
- Autonomie économique : Elles gagnent jusqu’à 10 $/jour, finançant l’éducation de leurs frères et sœurs.
- Vulnérabilités : Aucune couverture santé, exposition aux violences dans les marchés surpeuplés.
- Initiatives hybrides : Le projet Kayayei Youth Association combine microcrédits et plaidoyer pour des droits du travail.
Politiques publiques : entre répression et intégration
Les gouvernements africains testent des approches divergentes :
- Modèle punitif : Au Rwanda, les autorités ont interdit les vendeurs de rue à Kigali, provoquant des émeutes en 2016.
- Modèle inclusif : Le Kenya a légalisé les boda-boda (moto-taxis) via un système de licences et formations.
- Innovations technologiques : L’appli M-SHWARI intègre les travailleurs informels au système bancaire via la mobile money.
Que penser en définitive ?
Le secteur informel africain est-il un mal nécessaire ou un terreau d’innovation sociale ? Sa régulation exige une refonte des modèles économiques hérités de la colonisation. Et si la clé résidait dans une co-construction avec les acteurs informels, plutôt que dans leur marginalisation ? La réponse à cette question façonnera l’avenir des ODD en Afrique.