Longtemps cantonnées à des rôles secondaires, les femmes africaines s’imposent désormais comme actrices majeures de la transformation économique du continent. Des quartiers populaires de Kinshasa aux tours vitrées de Casablanca, elles portent la dynamique la plus créative de l’Afrique moderne : celle de l’entrepreneuriat inclusif et socialement responsable.
Selon la Banque mondiale, l’Afrique subsaharienne est la région du monde où les femmes entreprennent le plus. Près de 25% des nouvelles entreprises sont fondées par des femmes. Ce chiffre témoigne d’une résilience et d’une inventivité exceptionnelles dans des contextes souvent marqués par l’absence de protection sociale, le manque d’accès au financement et le poids des traditions.
Des figures de réussite inspirent toute une génération : Bethlehem Tilahun Alemu (SoleRebels, Éthiopie), Rebecca Enonchong (AppsTech, Cameroun), et Folorunsho Alakija (Nigeria) incarnent ce leadership assumé. Elles prouvent que l’entreprise féminine africaine est à la fois performante et profondément ancrée dans les valeurs communautaires.
Les réseaux féminins transnationaux jouent un rôle essentiel dans cette révolution silencieuse : Women In Africa Initiative, African Women Leaders Network ou encore SheTrades Africa facilitent la formation, le mentorat et l’accès au capital. L’Union africaine, de son côté, intègre désormais l’égalité économique dans ses politiques continentales par le biais de la “Décennie de la Femme Africaine”.
Mais au-delà de la réussite individuelle, une mutation structurelle est à l’œuvre. Les entrepreneuses africaines adoptent de nouveaux paradigmes économiques : économie circulaire, digitalisation, artisanat valorisé, financement communautaire. Ces modèles hybrides réconcilient tradition et modernité, rentabilité et impact social.
Le défi reste néanmoins immense : l’accès au crédit. Moins de 8% des femmes africaines bénéficient de financements bancaires substantiels. Les fintechs et les prêts participatifs commencent à corriger cette injustice, mais la transformation devra passer aussi par des politiques publiques volontaristes.
Cette nouvelle génération d’entrepreneuses, éduquées, connectées et ambitieuses, incarne l’avenir du capitalisme africain. Elles redéfinissent le pouvoir non par la conquête, mais par la création partagée.