Le paludisme sous contrôle ? Nouvelles avancées vaccinales et défis sanitaires persistants

Longtemps considéré comme une fatalité en Afrique, le paludisme recule lentement, mais sûrement. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) estime que de 2000 à 2024, le nombre de décès liés au paludisme a été réduit de près de 40%. Un progrès colossal attribué à deux facteurs : la généralisation de la prévention et les nouveaux vaccins.

Le lancement du vaccin RTS,S, puis du R21/Matrix-M développé à Oxford, a marqué un tournant majeur. En 2025, plusieurs campagnes de vaccination de masse sont en cours au Burkina Faso, au Ghana et au Togo. Ces campagnes permettent de réduire drastiquement les cas graves chez les enfants de moins de cinq ans, première cible du parasite Plasmodium falciparum.

Mais les défis restent immenses. L’Afrique enregistre encore 94% des décès mondiaux liés au paludisme. Les zones rurales, souvent dépourvues d’infrastructures de santé de base, restent particulièrement vulnérables. L’OMS insiste sur la nécessité d’un financement durable des programmes nationaux, car la dépendance à l’aide internationale fragilise leur continuité.

Les gouvernements, quant à eux, se mobilisent pour industrialiser localement les vaccins et médicaments, afin d’éviter les retards logistiques et les surcoûts d’importation. Le Sénégal et l’Afrique du Sud accélèrent la construction d’usines de biotechnologie, un pas décisif vers la souveraineté pharmaceutique africaine.

Les acteurs non étatiques – ONG, entreprises, startups médicales – jouent aussi un rôle clé. De nouvelles applications mobiles africaines permettent un suivi en temps réel des foyers de contamination, avec l’appui de données satellitaires. Ce mélange entre innovation scientifique et engagement communautaire renforce la résilience des systèmes de santé.

Sur le plan géopolitique, la lutte contre le paludisme devient un symbole de coopération Sud-Sud. L’Inde et le Brésil partagent leur expertise vaccinale avec les pays africains, tandis que la Chine investit dans des centres de recherche spécialisés.

Si les progrès se confirment, l’Afrique pourrait être la première région au monde à inverser durablement la tendance d’une maladie centenaire. Mais la victoire finale dépendra du maintien des financements, de la transparence dans les achats publics et de la solidarité sanitaire entre États africains.

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