Le Niger stabilisé ? Les signaux contradictoires du retour progressif des civils au pouvoir

Après des mois de tension et de sanctions, le Niger semble sur la voie d’une réorganisation politique plus calme. Le régime militaire issu du coup d’État de 2023 a amorcé, en 2025, une ouverture contrôlée vers la classe civile, annonçant la création d’un conseil de transition politique. Pourtant, les analystes s’interrogent : cette stabilisation est-elle réelle ou simplement cosmétique ?

Le Niger, aux côtés du Burkina Faso et du Mali, avait symbolisé l’onde de choc anti-française dans le Sahel. Le retrait des troupes françaises et la fermeture progressive des bases occidentales ont redessiné l’équilibre régional. En réponse, Niamey s’est tourné vers de nouveaux partenaires : la Russie, la Chine, la Turquie, et même l’Iran.

Ce retour vers les civils s’accompagne d’une intense communication politique. Les militaires, désormais figures centrales du pouvoir, cherchent à redorer leur image internationale, notamment auprès de la CEDEAO. Les promesses de réformes électorales et d’une Constitution “plus souveraine” se multiplient. Mais sur le terrain, les conditions sécuritaires restent fragiles.

Les régions frontalières du Mali et du Tchad continuent d’être la cible d’attaques djihadistes. L’insécurité alimentaire s’aggrave tandis que les ONG observent un recul des droits humains. Le gouvernement de transition parie sur une approche pragmatique : reconstruire d’abord la stabilité opérationnelle avant d’organiser la démocratie.

Sur le plan diplomatique, le Niger suscite paradoxalement un regain d’intérêt international. Les États-Unis, désormais plus souples dans leur doctrine sahélienne, soutiennent progressivement un retour de coopération militaire, axée sur la lutte antiterroriste. L’Europe, plus prudente, reste marquée par la rupture avec Paris.

Cette “stabilisation” du Niger illustre un moment charnière de la géopolitique du Sahel : celle d’États qui, après avoir rompu avec l’ordre postcolonial, cherchent un équilibre entre nationalisme, pragmatisme et ouverture. Si l’économie parvient à se redresser et si la transition se confirme dans les faits, le Niger pourrait devenir le laboratoire d’un modèle politique hybride, mêlant autorité militaire et dévolution progressive vers le civil.

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