Un tournant historique dans la lutte contre le paludisme en Afrique de l’Ouest
Le 27 mai 2025 marque une date clé pour la santé publique au Ghana et, plus largement, en Afrique de l’Ouest. Le ministère ghanéen de la Santé, en partenariat avec l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et l’UNICEF, a lancé officiellement une campagne de vaccination massive contre le paludisme infantile. Cette opération, qui vise à immuniser plus de 2 millions d’enfants de moins de cinq ans dans les régions les plus touchées, s’appuie sur le nouveau vaccin RTS,S/AS01, récemment validé par l’OMS après des essais concluants au Kenya et au Malawi.
Le paludisme, un fléau persistant
Le paludisme reste la première cause de mortalité infantile au Ghana, avec plus de 10 000 décès d’enfants chaque année. Malgré les efforts de prévention (moustiquaires imprégnées, pulvérisations, sensibilisation), la maladie continue de sévir, notamment dans les zones rurales et périurbaines où l’accès aux soins reste limité. Les autorités sanitaires estiment que plus de 30 % des consultations pédiatriques sont liées au paludisme, qui pèse lourdement sur le système de santé et l’économie du pays.
Le vaccin RTS,S/AS01 : une avancée majeure
Le vaccin RTS,S/AS01, développé par GlaxoSmithKline et testé depuis plus de 15 ans, est le premier vaccin antipaludique à avoir démontré une efficacité significative chez les jeunes enfants. Selon les essais cliniques, il permet de réduire de 40 % les cas graves de paludisme et de 30 % la mortalité infantile liée à la maladie. L’OMS a recommandé son introduction dans les programmes nationaux de vaccination pour les pays les plus touchés d’Afrique subsaharienne.
Au Ghana, la campagne cible en priorité les régions du Nord, de l’Est et du Centre, où la prévalence du paludisme est la plus élevée. Les équipes mobiles de vaccination sillonnent les villages, appuyées par des relais communautaires et des ONG locales.
Les enjeux logistiques et sociaux
La réussite de la campagne repose sur une logistique complexe : acheminement du vaccin dans des conditions de chaîne du froid, formation des personnels de santé, mobilisation des leaders communautaires et des parents. Les autorités mettent l’accent sur la sensibilisation, afin de lutter contre les réticences et les rumeurs qui entourent parfois la vaccination.
Des séances d’information sont organisées dans les écoles, les marchés et les lieux de culte, avec le soutien des chefs traditionnels et religieux. L’objectif est d’atteindre un taux de couverture vaccinale de 90 % d’ici la fin de l’année, condition indispensable pour espérer un impact durable sur la morbidité et la mortalité.
Les réactions des acteurs de la santé
Les professionnels de santé saluent une « avancée historique » et insistent sur la nécessité de poursuivre les efforts de prévention : « Le vaccin est un outil supplémentaire, mais il ne remplace pas les moustiquaires, l’assainissement et l’accès aux soins », rappelle le Dr Kwame Mensah, pédiatre à Accra. L’OMS et l’UNICEF appellent à une mobilisation régionale, afin d’étendre la vaccination à d’autres pays d’Afrique de l’Ouest.
Les défis à venir
Malgré l’enthousiasme, plusieurs défis subsistent : maintien de la chaîne du froid, financement durable de la campagne, gestion des effets secondaires éventuels, intégration du vaccin dans le calendrier vaccinal national. Les experts soulignent l’importance d’une évaluation régulière de l’efficacité et de la sécurité du vaccin, ainsi que d’une surveillance épidémiologique renforcée.
Un modèle pour l’Afrique
Le Ghana espère servir de modèle pour les autres pays africains confrontés au paludisme. L’initiative est suivie de près par le Nigeria, la Côte d’Ivoire, le Burkina Faso et le Togo, qui envisagent de lancer des campagnes similaires dans les prochains mois.
Conclusion
La campagne de vaccination massive contre le paludisme infantile au Ghana est une étape majeure dans la lutte contre l’une des maladies les plus meurtrières du continent. Elle illustre la capacité des pays africains à innover, à mobiliser et à s’approprier les avancées scientifiques pour répondre à leurs propres défis de santé publique.