Le Code pastoral divise éleveurs et agriculteurs, tensions persistantes dans la société

Le Tchad fait face à un important débat social et politique autour du Code pastoral, une législation destinée à réguler l’accès aux ressources naturelles pour les éleveurs nomades et les agriculteurs sédentaires. Instauré pour mieux gérer les conflits entre ces deux principaux groupes socio-économiques, le code peine à apaiser les tensions, qui restent vives dans plusieurs régions du pays.

Depuis sa promulgation, le Code pastoral suscite des oppositions communautaires virulentes. D’un côté, les éleveurs y voient une menace à leurs pratiques traditionnelles de mobilité et d’usage des pâturages, risquant la réduction de leurs terres de transhumance. De l’autre, les agriculteurs considèrent cette loi comme une opportunité d’accès plus sécurisé aux terres arables, mais dénoncent souvent un déséquilibre dans son application favorable aux éleveurs.

Les affrontements pour les terres sont fréquents, parfois meurtriers, et exacerbent les divisions sociales au Tchad, notamment dans la région du Lac Tchad, mais aussi dans l’Est du pays, où la coexistence entre éleveurs et agriculteurs est un défi historique. La législation, bien que mise en place pour apporter une solution, ne fait pas complètement consensus, entre difficultés dans son application, lacunes dans la concertation communautaire et perception d’injustice.

Les autorités tchadiennes, conscientes des enjeux, appellent au dialogue et privilégient une approche inclusive visant à trouver un équilibre entre les besoins des différentes populations. La communauté internationale, et notamment les organisations spécialisées en développement rural, soutient ces efforts, préconisant des mécanismes de médiation adaptés et la promotion de pratiques agro-pastorales durables.

Un chercheur en sociologie rurale analyse : « La clé réside dans une gouvernance locale renforcée et des compromis acceptés par toutes les parties, cela passe par la reconnaissance des droits et des devoirs, mais aussi par la sensibilisation et la valorisation des savoirs traditionnels. »

L’absence d’une solution durable aux conflits fonciers a des répercussions multiples : insécurité alimentaire, vulnérabilité accrue des populations rurales, ralentissement du développement local et montée des revendications communautaires, voire des violences qui fragilisent la stabilité nationale.

Ainsi, si le Code pastoral constitue une avancée législative majeure, son efficacité dépendra d’un suivi rigoureux, d’un dialogue constant et de la mise en place d’actions complémentaires d’accompagnement social et économique des populations concernées.

En conclusion, le Tchad doit continuer à investir dans des processus inclusifs et participatifs pour dépasser les tensions autour du Code pastoral et construire une coexistence pacifique entre éleveurs et agriculteurs, facteur essentiel de développement durable.

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