Introduction :
Les femmes africaines représentent près de 60 % des travailleurs informels sur le continent (OIT), mais leur contribution économique reste largement sous-évaluée. Entre entrepreneuriat innovant et obstacles systémiques, leur autonomisation économique est à la fois une opportunité majeure pour le développement et un défi structurel complexe à résoudre.
Le rôle économique clé des femmes africaines
- Agriculture familiale : Les femmes produisent près de 70 % des denrées alimentaires consommées localement, mais elles ont rarement accès aux terres ou aux crédits agricoles.
- Entrepreneuriat informel : Des millions de femmes gèrent des petites entreprises (marchés locaux, restauration) sans bénéficier d’une reconnaissance légale ni d’un soutien financier adéquat.
- Innovations sociales locales : Des coopératives féminines comme Tontine Africa au Sénégal permettent aux femmes rurales d’accéder à un microcrédit collectif pour financer leurs activités économiques.
Obstacles structurels à l’autonomisation économique
- Discrimination juridique et sociale
- Dans certains pays comme le Cameroun ou le Mali, les lois sur l’héritage privilégient les hommes, limitant l’accès des femmes aux terres agricoles.
- Les normes patriarcales empêchent souvent les femmes d’accéder aux postes décisionnels dans leurs communautés.
- Accès limité au financement
- Seuls 10 % des prêts bancaires en Afrique sont accordés aux femmes entrepreneurs.
- Les taux d’intérêt élevés pratiqués par les banques commerciales dissuadent les petites entrepreneuses.
- Charge domestique disproportionnée
- Les femmes consacrent jusqu’à 6 heures par jour aux tâches domestiques non rémunérées, réduisant leur capacité à participer pleinement à l’économie formelle.
Étude de cas : Le programme Women for Women International au Rwanda
Ce programme offre une formation professionnelle et un soutien financier aux survivantes du génocide :
- Résultats positifs, avec plus de 50 % des participantes devenues autonomes économiquement après trois ans.
- Impact communautaire, avec une hausse significative du revenu familial moyen dans les villages ciblés.
- Limites, notamment le manque d’échelle nationale pour reproduire ces succès dans tout le pays.
Initiatives prometteuses pour l’autonomisation
- Microfinance ciblée
- Des institutions comme Grameen Bank Africa offrent des prêts sans garantie aux femmes entrepreneurs.
- Au Ghana, Ghana Women Fund finance spécifiquement les projets agricoles portés par des femmes rurales.
- Formation digitale
- Des plateformes comme SheTrades connectent les entrepreneuses africaines aux marchés internationaux via le commerce électronique.
- En Ouganda, Digital Mamas forme les femmes aux compétences numériques pour développer leurs activités en ligne.
- Politiques inclusives
- Le Kenya impose désormais un quota minimum de 30 % pour l’attribution des marchés publics aux entreprises dirigées par des femmes.
Que penser en définitive ?
L’autonomisation économique des femmes africaines est-elle réellement un moteur du développement ? Si leur potentiel est indéniable, sa concrétisation dépendra d’une refonte profonde des systèmes juridiques, financiers et sociaux qui continuent de perpétuer leur marginalisation.