L’armée lance une offensive majeure contre les séparatistes du Nord

La crise malienne connaît une nouvelle escalade à l’été 2025, avec le déclenchement d’une offensive d’envergure par les Forces armées maliennes (FAMa) contre les groupes séparatistes du Nord. Cet épisode s’inscrit dans une dynamique de recomposition militaire et politique qui marque la région depuis plusieurs années, alors que la stabilité nationale demeure précaire.

Le 13 juin, un convoi logistique de l’armée, escorté par les paramilitaires russes d’Africa Corps, a été la cible d’une embuscade dans la région stratégique de Kidal. D’après des sources concordantes rapportées par l’AFP et Jeune Afrique, ces affrontements opposent directement les forces maliennes, appuyées par les nouveaux contingents russes suite au retrait du groupe Wagner, et les indépendantistes du Front de libération de l’Azawad (FLA), coalition de groupes à dominante touareg créée en fin 2024.

L’armée malienne revendique la neutralisation de nombreux « combattants ennemis » et affirme que l’opération lui confère la maîtrise du secteur. Toutefois, le FLA conteste violemment cette version, évoquant des pertes significatives pour la coalition maliano-russe et des dizaines de morts laissés sur le champ de bataille. Selon un élu local et les communiqués du FLA, plus de vingt véhicules militaires seraient détruits — dont des blindés — et une quinzaine de corps abandonnés sur place, certains étant des membres étrangers d’Africa Corps.

Les enjeux de cette offensive dépassent le cadre militaire. En reprenant Kidal, bastion historique des revendications indépendantistes, Bamako cherche à réaffirmer sa souveraineté sur le septentrion malien, clé de voûte du projet national. Le FLA, qui ambitionne la « libération totale de l’Azawad », réunit des figures issues du Cadre stratégique permanent pour la défense du peuple de l’Azawad (CSP-DPA) et fédère plusieurs représentants touareg, justifiant la création du mouvement par le non-respect des accords antérieurs et la récente intensification de la violence contre les civils.

Au-delà des revendications de l’Azawad, d’autres groupes armés profitent de la porosité régionale pour poursuivre leurs agendas. Les jihadistes affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM-Serma), liés à Al-Qaïda, et le FLA entament à nouveau des négociations de circonstances. Objectif : harmoniser leur administration du Nord en cas de victoire face aux forces gouvernementales, tout en préservant une autonomie politique et religieuse difficile à concilier.

Une vague d’attaques coordonnée a d’ailleurs ciblé, début juillet, sept villes du centre et de l’ouest du pays, illustrant la pluralité des menaces auxquelles l’armée fait face. Les FAMa, soutenues par Africa Corps, revendiquent des succès tactiques et diffusent des images montrant la destruction de dizaines de motos et de matériels jihadistes à Niono, Molodo ou Kayes. Néanmoins, la persistance du conflit et la fréquence des embuscades sapent le moral des troupes et interrogent l’efficacité de l’appui militaire russe.

Dans ce contexte tendu, la population civile reste la principale victime : déplacements massifs, coupures de communications et risque accru de violations des droits humains rythment le quotidien de milliers d’habitants de Kidal, Gao et Tombouctou. Les ONG internationales et les organismes humanitaires alertent sur la gravité de la situation et le manque d’accès à l’aide de base alors que l’insécurité alimentaire s’aggrave.

La situation politique au Mali demeure donc complexe, prise entre la volonté de souveraineté de Bamako, l’affirmation indépendantiste de l’Azawad, l’intervention d’acteurs extérieurs et la logique propre aux groupes jihadistes locaux. Les semaines à venir seront capitales pour le devenir du pays et l’équilibre régional au Sahel.

Related posts

Côte d’Ivoire paralysée par une grève surprise des transports urbains, tensions sociales montantes

Tunisie sous tension : des arrestations dans un réseau de corruption dévoilées récemment

L’Égypte signe un partenariat stratégique avec la Chine pour un mégaprojet industriel