La ZLECAf – Un moteur pour l’intégration économique africaine ?

La Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf), officiellement lancée en 2021, est souvent présentée comme le projet phare de l’Union africaine pour transformer l’économie du continent. En 2025, alors que plus de 46 pays ont ratifié l’accord, les premiers résultats commencent à émerger. Mais la ZLECAf peut-elle réellement tenir sa promesse de créer un marché unique pour 1,3 milliard de personnes et un PIB combiné de 3 400 milliards de dollars ?

Des avancées prometteuses : premiers succès commerciaux
Depuis son lancement, la ZLECAf a permis de réduire les barrières tarifaires sur 90 % des produits échangés entre les pays membres. Des corridors commerciaux clés se développent :

  • Corridor Nord-Sud (Afrique du Sud-Zambie) : Les exportations agricoles sud-africaines vers la Zambie ont augmenté de 25 % grâce à la suppression des droits de douane sur les fruits et légumes.
  • Route Lagos-Abidjan : Le commerce intra-ouest-africain des textiles et vêtements a doublé depuis 2023, porté par des start-ups locales comme AfroThreads.
  • Blé égyptien vers le Sahel : L’Égypte exporte désormais du blé à prix compétitif vers le Niger et le Tchad, réduisant la dépendance régionale aux importations européennes.

Les petites entreprises bénéficient également des plateformes numériques comme ZLECAf Connect, qui facilite les transactions transfrontalières et réduit les délais bureaucratiques.

Défis persistants : infrastructures et harmonisation réglementaire
Malgré ces progrès, plusieurs obstacles freinent l’intégration économique :

  • Infrastructures insuffisantes : Seuls 25 % des routes africaines sont pavées, ce qui augmente les coûts logistiques. Par exemple, transporter une tonne de marchandises du Kenya au Rwanda coûte encore deux fois plus cher qu’en Europe.
  • Disparités réglementaires : Les normes sanitaires et phytosanitaires varient considérablement d’un pays à l’autre, compliquant l’exportation des produits alimentaires.
  • Conflits frontaliers : Les tensions entre le Kenya et la Tanzanie sur les droits d’accès au marché freinent le commerce est-africain.

Le rôle des technologies dans la facilitation du commerce
La digitalisation joue un rôle clé dans la réussite de la ZLECAf :

  • Blockchain pour la traçabilité : Des solutions comme celles proposées par TradeLens Africa permettent aux entreprises de suivre leurs produits à travers plusieurs frontières, réduisant les fraudes douanières.
  • E-paiements transfrontaliers : Le projet panafricain PAPSS (Pan-African Payment and Settlement System) facilite les paiements en devises locales sans passer par le dollar ou l’euro.
  • Plateformes logistiques numériques : Au Nigeria, des start-ups comme Kobo360 connectent les transporteurs aux expéditeurs pour optimiser les itinéraires et réduire les coûts.

Impact social et économique attendu d’ici 2030
Si pleinement mise en œuvre, la ZLECAf pourrait sortir environ 30 millions de personnes de la pauvreté extrême, selon un rapport de la Banque mondiale. Les femmes entrepreneurs, qui représentent environ 60 % des PME africaines, bénéficieraient particulièrement des opportunités offertes par l’accès élargi aux marchés régionaux.

Cependant, pour maximiser ces impacts, il est crucial d’investir dans l’éducation et la formation professionnelle afin que les jeunes puissent s’intégrer dans les chaînes de valeur émergentes (agro-industrie, textile, technologies).

Perspectives : vers une intégration approfondie ?
Pour que la ZLECAf atteigne son plein potentiel, plusieurs priorités doivent être abordées :

  1. Accélérer la construction d’infrastructures régionales (routes, ports) via des partenariats public-privé.
  1. Harmoniser les réglementations commerciales et sanitaires entre pays membres.
  1. Renforcer le rôle des institutions régionales (CEDEAO, SADC) pour résoudre rapidement les conflits commerciaux.

En conclusion, bien que confrontée à des défis structurels majeurs, la ZLECAf représente une opportunité historique pour transformer le commerce intra-africain en moteur de croissance inclusive et durable.

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