La dérégulation financière américaine sous Trump 2.0 agite les marchés globaux

US President Donald Trump holds a chart as he delivers remarks on reciprocal tariffs during an event in the Rose Garden entitled "Make America Wealthy Again" at the White House in Washington, DC, on April 2, 2025. Trump geared up to unveil sweeping new "Liberation Day" tariffs in a move that threatens to ignite a devastating global trade war. Key US trading partners including the European Union and Britain said they were preparing their responses to Trump's escalation, as nervous markets fell in Europe and America. (Photo by Brendan SMIALOWSKI / AFP)

Le retour de Donald Trump à la Maison‑Blanche a provoqué un séisme sur les marchés financiers mondiaux. Cinq ans après la crise inflationniste post‑pandémie, les États‑Unis réorientent leur politique économique vers un nationalisme financier assumé : baisse des impôts sur les entreprises, assouplissement massif des régulations bancaires et relance protégée du dollar. Le monde entier observe, inquiet et fasciné, cette dérégulation 2.0 qui bouleverse la stabilité économique globale.

Dès sa réélection en 2024, le président Trump a restauré plusieurs mesures phares de sa première administration : annulation de certaines contraintes de la loi Dodd‑Frank, réduction de la fiscalité capitalistique et encouragement de la spéculation domestique. L’objectif affiché est simple : “rendre l’Amérique financièrement invincible”, selon ses mots. Les marchés de Wall Street ont immédiatement répondu positivement : hausses spectaculaires des indices, rentabilité record pour les banques, et explosion du marché des matières premières.

Mais cette euphorie cache une réalité plus instable. En assouplissant les garde‑fous mis en place après la crise de 2008, Washington a ouvert la voie à de nouveaux risques systémiques. Les fonds spéculatifs et les banques d’investissement, désormais moins surveillés, multiplient les produits dérivés à haut rendement – et à haut risque.

Les réactions internationales ne se font pas attendre. L’Union européenne s’inquiète d’un retour aux déséquilibres financiers globaux, tandis que la Chine et l’Inde y voient une opportunité de renforcer leurs propres marchés régionaux. Le FMI et la Banque mondiale appellent à la prudence, rappelant que l’économie mondiale reste fragilisée par les dettes publiques colossales et les tensions commerciales.

Pour les pays africains, les effets sont mixtes. À court terme, la valorisation du dollar et la hausse des matières premières – notamment le pétrole et l’or – offrent une marge de manœuvre. Mais à long terme, le durcissement du crédit et les flux de capitaux vers les États‑Unis risquent d’assécher les financements des marchés émergents. Déjà, les monnaies du Nigeria, du Kenya et de la Zambie vacillent sous la pression d’un dollar hyper fort.

Les économistes parlent d’un nouvel équilibre précaire : une Amérique spéculative et prospère face à un Sud endetté et soumis aux aléas des marchés. Le risque d’une “crise des capitaux du Sud” – où les fonds d’investissement se retirent massivement des marchés africains – plane déjà.

Mais Trump 2.0 ne compte pas revenir en arrière. La cible de sa politique n’est plus le secteur financier, mais le commerce mondial. “America First” redevient le mot d’ordre, soutenu par une banque centrale plus politique que jamais. La Réserve fédérale (la Fed) multiplie les interventions directes pour soutenir la croissance américaine, rompant définitivement avec l’orthodoxie monétaire internationale.

Cette rupture ouvre un cycle nouveau de confrontation économique. Les BRICS étendus préparent déjà un mécanisme de protection collective face aux fluctuations du dollar, tandis que le Fonds monétaire africain – en cours de création – prend forme. Pour l’Afrique, la leçon est claire : dans un monde déséquilibré par la finance américaine, l’autonomie régionale n’est plus un choix, c’est une question de survie économique.

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