Une nouvelle flambée de choléra frappe la côte kényane
Depuis la mi-mai 2025, la ville portuaire de Mombasa, au Kenya, fait face à une épidémie de choléra d’une ampleur inquiétante. Selon le ministère de la Santé, plus de 2 500 cas ont été recensés, dont une trentaine de décès, principalement dans les quartiers informels et les zones périurbaines. Cette résurgence du choléra, maladie hydrique hautement contagieuse, met en lumière les défis persistants d’accès à l’eau potable, à l’assainissement et à la prévention dans les grandes villes africaines.
Les causes de l’épidémie : eau insalubre et infrastructures défaillantes
Le choléra se propage par l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés par la bactérie Vibrio cholerae. À Mombasa, la saison des pluies a provoqué des inondations, entraînant le débordement des égouts et la contamination des points d’eau. Les quartiers informels, densément peuplés et mal équipés, sont particulièrement touchés.
Selon l’UNICEF, plus de 40 % des habitants de Mombasa n’ont pas accès à une eau potable sûre. Les coupures d’eau, les branchements illégaux et le manque d’entretien des réseaux aggravent la situation. Les vendeurs ambulants de nourriture, nombreux sur les marchés, sont aussi un vecteur de transmission.
La riposte des autorités kényanes et des partenaires internationaux
Face à l’urgence, le gouvernement kényan a lancé une vaste campagne de vaccination orale contre le choléra, en partenariat avec l’OMS et Médecins Sans Frontières. Des équipes mobiles sillonnent les quartiers à risque pour sensibiliser la population, distribuer des comprimés de chlore et former les familles aux gestes d’hygiène essentiels.
Des points d’eau potable temporaires sont installés, tandis que les écoles et les lieux de culte servent de relais pour l’information et la distribution de kits sanitaires. Les hôpitaux de Mombasa ont ouvert des unités spécialisées pour traiter les cas graves et éviter la saturation des services.
Les défis de la prévention et de la gestion de crise
Malgré la mobilisation, plusieurs obstacles persistent :
- Stigmatisation et rumeurs : Certains habitants craignent la vaccination ou refusent de signaler les cas par peur d’isolement.
- Manque de ressources : Les stocks de vaccins et de médicaments sont limités, et le personnel médical est débordé.
- Mobilité urbaine : Les déplacements massifs entre Mombasa et les autres villes côtières risquent de propager l’épidémie.
Les autorités insistent sur la nécessité de renforcer la surveillance épidémiologique, d’améliorer la qualité de l’eau et d’accélérer les investissements dans l’assainissement urbain.
L’enjeu de l’assainissement et de l’accès à l’eau potable au Kenya
L’épidémie de choléra à Mombasa révèle un problème structurel : la faiblesse des infrastructures d’eau et d’assainissement dans les villes africaines en forte croissance. Le gouvernement kényan, avec l’appui de la Banque mondiale et de l’Union africaine, a lancé un plan d’investissement pour moderniser les réseaux, construire des stations d’épuration et généraliser l’accès à l’eau potable d’ici 2030.
Les ONG locales plaident pour une approche communautaire, impliquant les habitants dans la gestion des points d’eau, la sensibilisation et la maintenance des équipements.
Perspectives et solutions durables
- Éducation à l’hygiène : Intégrer la prévention du choléra dans les programmes scolaires et les campagnes de santé publique.
- Innovation technologique : Développer des solutions low-cost pour la purification de l’eau et la gestion des déchets.
- Renforcement des partenariats : Mobiliser les bailleurs internationaux, les entreprises et les collectivités locales pour financer des infrastructures durables.
Conclusion : Le choléra, un défi pour la santé publique africaine
L’épidémie de choléra à Mombasa rappelle l’urgence d’investir dans l’eau, l’assainissement et la prévention sanitaire en Afrique. La lutte contre les maladies hydriques passe par une action collective, une gouvernance efficace et une mobilisation de tous les acteurs pour garantir la santé et la dignité des populations urbaines.