Une décision des autorités kényanes relance la controverse sur la préservation de la forêt urbaine de Karura, symbole écologique et social de Nairobi.
Nairobi, 4 septembre 2025 – La forêt de Karura, joyau écologique et poumon vert de la capitale kényane, est aujourd’hui au centre d’une controverse lourde de sens. Une récente décision gouvernementale menaçant une portion de ce vaste espace protégé relance une ancienne tension entre développement urbain et sauvegarde de la biodiversité dans une ville en pleine expansion.
Depuis plusieurs décennies, la forêt de Karura constitue un havre indispensable pour les quelque 4 millions d’habitants de Nairobi, offrant oxygène, réservoirs d’eau, biodiversité mais aussi loisirs et éducation à l’environnement. Son importance écologique dépasse largement les frontières de la capitale puisque la lisière de la forêt s’étend sur plusieurs milliers d’hectares.
Dans ce contexte, la décision prise en août 2025 par les autorités municipales d’autoriser l’implantation de nouveaux projets d’infrastructures sur une partie du territoire forestier a suscité une vague d’indignation parmi écologistes, communautés locales et organisations internationales. Cette décision s’insère dans le Plan de développement urbain post-2025, qui vise à contenir les besoins croissants en logement et infrastructures, mais au risque d’altérer de manière irréversible un écosystème fragile.
Les défenseurs de la forêt dénoncent ainsi une logique court-termiste au service de spéculations foncières, pointant l’absence de concertation avec les habitants et la société civile. Vers une dégradation encore accélérée du couvert végétal ? Des images satellites récentes montrent une réduction progressive mais constante des superficies boisées depuis 2010, une tendance qui pourrait s’accélérer dangereusement.
Mais au-delà de la seule protection de la nature, c’est la question profonde de modèle de développement urbain qui est posée. Nairobi est l’une des capitales africaines connaissant la croissance démographique la plus rapide, avec près de 12% de population supplémentaire chaque année. La pression sociale sur l’habitat, la mobilité et les équipements crée des dilemmes sans réponses simples.
Plus largement, la forêt de Karura symbolise un enjeu crucial pour l’Afrique toute entière : comment conjuguer aspiration au progrès économique, droits à un environnement sain et équité sociale ? Cette question s’inscrit dans le débat global sur la transition écologique et les adaptations nécessaires au changement climatique.
À l’heure où le monde entier s’interroge sur sa capacité à équilibrer exploitation des ressources et protection de la planète, le cas de Nairobi invite à une réflexion approfondie. L’urbanisme devra-t-il renoncer à partie de son extension ? La résilience urbaine passe-t-elle par des compromis ou des renoncements ?
Alors que les débats s’intensifient, il faudra observer si les autorités kényanes sauront trouver un équilibre aussi audacieux qu’indispensable, ou si la forêt de Karura deviendra un symbole précurseur d’une perte environnementale irrévocable en Afrique.