Introduction
Le 7 mai 2025, l’armée israélienne a annoncé avoir rendu « complètement hors service » l’aéroport international de Sanaa, la capitale du Yémen contrôlée par les rebelles Houthis. Cette frappe intervient dans un contexte d’escalade régionale, alors que la guerre à Gaza se prolonge et que les tensions en mer Rouge, autour du détroit de Bab el-Mandeb, menacent la sécurité du commerce mondial. L’attaque contre l’aéroport de Sanaa, principal point d’entrée de l’aide humanitaire au nord du Yémen, soulève de graves inquiétudes quant à l’aggravation de la crise humanitaire et à la stabilité de la région.
Contexte : une escalade régionale aux multiples dimensions
La guerre à Gaza et ses répercussions
Depuis l’automne 2023, la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza a ravivé les tensions dans toute la région du Moyen-Orient. Les Houthis, proches de l’Iran, se sont positionnés comme soutien à la cause palestinienne, multipliant les attaques de drones et de missiles contre Israël et ses alliés, notamment les navires marchands transitant par la mer Rouge.
La riposte israélienne et l’élargissement du conflit
Face à ces menaces, Israël a progressivement élargi ses opérations militaires au-delà de Gaza, visant des infrastructures houthis au Yémen. L’attaque de l’aéroport de Sanaa marque une nouvelle étape dans cette guerre de l’ombre, avec le risque d’un embrasement régional impliquant l’Iran, l’Arabie saoudite et les États-Unis.
L’aéroport de Sanaa : un point névralgique pour l’aide humanitaire
Un hub vital pour le nord du Yémen
Depuis que les Houthis ont pris le contrôle de Sanaa en 2014, l’aéroport international est resté le principal point d’entrée de l’aide humanitaire dans le nord du pays. Les vols de l’ONU, du Croissant-Rouge et d’autres ONG y atterrissent régulièrement pour acheminer médicaments, nourriture et personnel médical.
Conséquences immédiates de la frappe
La destruction des pistes et des infrastructures aéroportuaires prive des millions de Yéménites d’un accès rapide à l’aide vitale. Les ONG alertent sur le risque d’une aggravation de la famine, alors que plus de 17 millions de personnes dépendent déjà de l’assistance humanitaire pour survivre. Les évacuations sanitaires, l’importation de vaccins et la livraison de matériel médical sont gravement compromises.
Réactions internationales et régionales
Condamnations et appels à la retenue
L’ONU, l’Union européenne et plusieurs ONG ont condamné la frappe, appelant Israël à respecter le droit international humanitaire et à garantir l’accès de l’aide aux civils. L’Iran a dénoncé une « agression inacceptable », tandis que l’Arabie saoudite, bien que rivale des Houthis, s’inquiète d’une déstabilisation accrue à sa frontière sud.
Position d’Israël
Israël justifie son action par la nécessité de neutraliser les capacités offensives des Houthis, accusés d’être à l’origine de plusieurs attaques contre des navires israéliens et alliés en mer Rouge. L’État hébreu affirme avoir ciblé des infrastructures militaires dissimulées dans l’enceinte de l’aéroport.
Les enjeux humanitaires : une crise aggravée
Un pays déjà au bord du gouffre
Le Yémen est considéré par l’ONU comme la pire crise humanitaire au monde : plus de 80 % de la population a besoin d’aide, 4,5 millions de personnes sont déplacées, et les systèmes de santé et d’éducation sont en ruine. La fermeture de l’aéroport de Sanaa prive les agences humanitaires d’un accès crucial, alors que le port de Hodeïda, autre point d’entrée, fonctionne à capacité réduite en raison du blocus naval.
Risques de famine et d’épidémies
La suspension des vols humanitaires menace l’approvisionnement en nourriture, en médicaments et en vaccins. Les ONG redoutent une recrudescence des épidémies de choléra, de rougeole et de malnutrition aiguë, notamment chez les enfants et les femmes enceintes.
Les implications géopolitiques
Risque d’embrasement régional
La frappe israélienne sur Sanaa intervient alors que les tensions entre l’Iran et Israël atteignent un niveau critique. Téhéran pourrait renforcer son soutien aux Houthis, voire encourager d’autres groupes alliés (Hezbollah au Liban, milices chiites en Irak) à ouvrir de nouveaux fronts contre Israël ou ses partenaires.
Le rôle des grandes puissances
Les États-Unis, alliés d’Israël mais soucieux de limiter l’escalade, appellent à la retenue et à la protection des civils. La Russie et la Chine, qui prônent une désescalade, pourraient saisir l’occasion pour renforcer leur influence diplomatique dans la région.
Quelles perspectives pour l’aide humanitaire ?
Nécessité d’accords de trêve localisés
Les agences humanitaires plaident pour un cessez-le-feu localisé autour de l’aéroport de Sanaa et des principaux corridors d’accès à la population civile. Des négociations sont en cours, sous l’égide de l’ONU et d’Oman, pour garantir un minimum d’accès humanitaire.
Adaptation des stratégies humanitaires
Face à la fermeture de l’aéroport, les ONG cherchent des alternatives : acheminement par route via Aden ou par mer via Hodeïda, malgré les risques sécuritaires. L’urgence est de maintenir la chaîne logistique pour éviter une explosion de la mortalité.
Conclusion
La mise hors service de l’aéroport de Sanaa par des frappes israéliennes marque un tournant dramatique dans la crise yéménite. Au-delà de l’enjeu militaire, c’est la survie de millions de civils qui est en jeu. Seule une mobilisation diplomatique et humanitaire d’ampleur pourra limiter les conséquences de cette nouvelle escalade et rouvrir la voie à une solution politique.